– Qu’est-ce que le Travail Intérieur?
– Je ne peux pas vous le dire, mais je peux vous le montrer.
– Vous ne voulez pas répondre à ma question?
– J’aimerais bien, mais je ne peux pas. Voyez-vous, elle commence par un verbe «être».
– Vous êtes fâché avec le verbe «être»?
– Non. J’évite simplement de l’employer lorsqu’il fabrique de la confusion. Impossible de répondre clairement avec des mots à une question confuse qui commence par le verbe «être».
– Mais comment répondre à une question sans utiliser des mots?
– En vous proposant de vous montrer comment faire. C’est ce que j’ai dit.
– Mais ça prend du temps…
– Les bavardages inutiles et inefficaces aussi. Vous n’avez pas une meilleure question?
– Bon. Alors, comment définissez-vous le Travail Intérieur?
– Comme un ensemble de techniques servant à savoir apprendre, à savoir-faire, et à savoir-dire. Et à comprendre comment fonctionnent toutes nos petites et grandes souffrances.
– Et cette compréhension-là sert à quoi?
– À y mettre un terme, évidemment. Vous aimez souffrir, vous?
– Non, bien sûr.
– Et vous savez comment faire pour que ça s’arrête?
– Non. Et vous, vous le savez?
– Maintenant, je le sais parce que je l’ai appris. Mais pas à l’école qui ne nous apprend pas à clairement distinguer douleur et souffrance, par exemple, ni à nous en débrouiller.
– Alors, il existe des méthodes pour arrêter les petites et grandes souffrances… Comment faire?
– Il s’agit de cesser d’y croire. Quand vous cessez d’y croire, elles s’arrêtent toutes seules. Ceux qui savent n’ont plus besoin de croire. Ceux qui croient ne savent pas.
– Et c’est tout? C’est aussi simple que ça?
– Ce que je viens de dire avec des mots simples parle à propos de ce qu’il y a faire. Faire ce qui a été dit demande un vrai apprentissage, aussi important et utile que d’apprendre à lire et à compter.
– Vous voulez dire que ça prend beaucoup de temps, n’est-ce pas?
– Pas que du temps. Depuis Einstein, nous sommes censés parler-penser au moins en espace-temps.
– Avec un trait d’union.
– En effet. Et pour cerner encore plus près la vérité, je préfère une autre façon de parler que voici: Attentions-processus-énergie-mouvement-matière-espace-temps. Avec des traits d’union.
– Tout ça? Mais c’est beaucoup plus compliqué!
– Pas vraiment, mais beaucoup plus précis et efficace, certainement.
– Et qui a inventé cette méthode simple-compliquée?
– Bouddha, tout simplement. Sa méthode elle-même a 2500 ans. Celle des Tibétains a 1300 ans.
– Pourquoi faites vous référence aux Tibétains?
– Les Bouddhistes Tantriques Tibétains travaillent sur ces mêmes bases. Ils ont inventé une pédagogie extraordinaire qui, une fois décryptée, nous convient parfaitement. Leur système s’appelle la Voie de Diamant. Ecoutez parler le Dalaï lama. Lisez ses livres. Il enseigne comment cesser de souffrir en une seule existence. Apprendre à être heureux. Tout un programme.
– Quand vous dites que la méthode «nous» convient, vous parlez de qui?
– Ceux qui veulent cesser de vivre de façon maladroite, pénible, confuse, et cesser d’en souffrir.
– Normalement, le Travail Intérieur et l’arrêt de la souffrance, ça devrait intéresser tout le monde!
– Pas vraiment. Bien de gens s’accrochent à leur souffrance parce qu’elle est devenue leur raison de vivre, leur occupation principale. Certains l’ignorent, d’autres ne veulent ni l’apprendre, ni le savoir.
– Alors, finalement, le Travail Intérieur est vraiment fait pour qui?
– Certains Maîtres disent que pour commencer le Travail Intérieur, il faut avoir le dos au mur et une fourche dans les reins. Cela signifie que toutes les solutions précédentes doivent avoir échoué. Cela veut dire cesser de croire n’importe quoi. N’avoir plus le choix, plus d’espérance, plus aucun espoir.
– Vous «êtes» bouddhiste?
– Pas plus que je ne «suis» cuisinier. Mais j’ai eu de bons maîtres et j’aime faire bien la cuisine.
– Et ça marche?
– Eh oui! La machine à transformer la souffrance en bonheur tranquille et en plaisir fonctionne bien.