Étymologie
Le mot Spiritualité est né vers 1250. Sa racine est le mot «esprit» (spiritus). Depuis Aristote, il s’est toujours trouvé opposé au mot «matière» dont la racine latine est «materia» et qui désigne «la substance dont est faite le tronc de l’arbre, et dont partent les rejets, par opposition à l’écorce et aux branches qui en sont issus». Du point de vue symbolique, la connexion avec l’archétype de Terra Mater, la Terre Mère, d’où sort le tronc de l’arbre qui tire sa sève du sol, est évidente. Le concept de «matière» désigne donc tout ce qui peut être perçu de façon commune et ordinaire et qui vient de la terre. Par extension, tout ce qui se voit directement.
Par opposition, le concept d’ «esprit» s’applique de façon globale et indifférenciée à tout ce qui est immatériel. Ses synonymes sont: le vent, le souffle, l’air, la respiration, l’aspiration, l’inspiration, le souffle et esprit divins, mais aussi l’âme, la personne, la mentalité, l’intention, l’humour, la poésie, les principes moraux, l’intellect et l’intelligence, tous les phénomènes mentaux et plus globalement encore, tout ce qui n’est pas perceptible de façon ordinaire et dont nous supposons l’existence parce que nous en voyons seulement les effets. Par extension, «tout ce qui est ‘invisible pour les yeux».
Contextes Symboliques
Ce qui se voit d’ordinaire et peut être senti de façon commune est vécu comme une connaissance partagée, vérifiable et génératrice d’un sentiment de sécurité instinctif, globalisant. Chaque individu est renvoyé à son appartenance au groupe et à la sécurité/survie qu’il peut représenter.
Parce qu’elle est identifiée à la Terre sur laquelle nous marchons tous les jours et dans laquelle nous finissons après la mort, la Grande Déesse Mère symbolise ces dimensions nourricières, visibles et sécurisantes qui correspondent à nos différents niveaux matériels d’incarnation. Le rythme est celui du temps cyclique et régulier des saisons, du cycle de la lune et de la succession des générations, à travers l’image archétypique de la Maman qui donne la vie, fait pousser toutes les plantes de la Création, protège ses enfants et les console de leurs chagrins.
En opposé, ce qui ne se voit pas de façon ordinaire et ne peut pas être senti de façon commune est vécu comme une connaissance secrète, individuelle, génératrice de sentiments de méfiance et de crainte instinctives. Chaque individu est renvoyé à sa solitude existentielle et à sa fragilité fondamentale. Hors du groupe protecteur, tout le monde est fragile par définition.
Parce qu’il est identifié à l’espace infini, le Dieu Principe Unique (Principium: Celui qui Est en premier) symbolise ces dimensions invisibles et dites ‘obscures’, qui correspondent à nos différents niveaux immatériels d’incarnation. Le rythme est celui de l’éclair fulgurant, des étoiles filantes, des tremblements de terre et des tempêtes brutales. L’image archétypique est celle des Dieux anciens qui créent et détruisent de façon anarchique, prodigues de leur sperme sacré et d’inventions aux conséquences presque toujours catastrophiques pour les humains.
Conséquences logiques
Dès lors que rien n’est communément vérifiable, que le principe même de connaissance est personnel et non collectif, que le Groupe n’a pas son mot à dire dans la réalité intime de l’expérience personnelle, il réagit de façon primaire et brutale en ostracisant l’ensemble au lieu de chercher à connaître. Toute réalité inconsciente ou inconnaissable par l’Esprit Ordinaire Collectif est identifiée à de l’Inconnu (divin ou non) et donc, du potentiellement Dangereux. C’est ainsi que tout ce qui a trait à «l’esprit» et aux domaines invisibles, à commencer par les émotions et les sentiments, a été classé dans la catégorie invisible et donc au moins suspecte.
Les domaines de l’Esprit étant réputés invérifiables, ils inspirent aux niveaux collectifs de la méfiance et du rejet, mais aussi aux niveaux personnels de l’attirance et de la fascination: c’est l’archétype du Sorcier. Ce parti pris d’inconnaissance va générer pour l’esprit Ordinaire Collectif un immense Principe d’Ignorance et donner à la Spiritualité un champ indéterminé, complexe et mystérieux et entretenir une vaste confusion. Ces arrières plans sont du registre de l’Inconscient Collectif et à ce titre, conditionnent toutes nos compréhensions individuelles à suivre.
La Nature Originelle du Mystère
Dans l’Ordre de la Grande Mère, par essence collectif, le lien entre le Divin et les hommes passe par le domaine religieux qui organise la vie des fidèles par la croyance dans ses dogmes, ses rites et les règles morales et sociales qui en découlent. La Nature de Dieu n’est pas vue comme une production de l’esprit, mais comme une Vérité Eternelle Révélée par un Prophète qui a reçu l’Initiation en Direct et qui l’a transmise à des Élus qui forment son Clan, sa Tribu, son Peuple. Le ‘Mystère’ s’est produit dans un passé invérifiable et développé dans des récits légendaires qui doivent être considérés comme une Vérité indiscutable. Ceux qui ne croient pas sont classés comme ‘pas comme nous’, hérétiques et donc, dangereux. Dans ce domaine là, se différencier de ses voisins est plutôt une mauvaise idée. Une religion ou une secte qui fonctionne ainsi est puissante et s’auto-justifie par le nombre de ses adeptes.
Dans l’Ordre du Dieu Principe Unique, par essence individuel, le lien entre le Divin et les hommes passe d’abord par l’expérience directe et la création d’une relation personnelle avec le ressenti de la Présence Divine, car l’expérience de Dieu est intérieure. Dans ce domaine, la croyance n’a pas de sens et pas d’intérêt. Les dogmes et les règles morales sont improductifs et inadaptés à l’expérience directe de la «Vérité». Pas de notion de masse ni de puissance ici. Pas d’adeptes non plus; que des personnes, plutôt des étudiants qui travaillent sur l’expérience d’une connaissance qui doit leur ‘monter de l’intérieur’. Pour cette raison, cette Voie est appelée la Voie Mystique, autrement dit, celle qui donne la connaissance personnelle des mystères [de l’Esprit].
Il faut bien comprendre que Spiritualité et Religion ne s’opposent pas vraiment, mais fonctionnent à des niveaux différents. N’importe quel individu par exemple peut suivre son travail spirituel personnel au sein de n’importe quel cadre social-religieux extérieur. La Religion exige des marques extérieures d’appartenance mais ne peut rien contre ceux qui font semblant. C’est pourquoi la Spiritualité trouve en contexte laïc un terrain d’exercice et d’efficacité supérieur à celui des contraintes, observances et conditionnements religieux.
Les enjeux de la Spiritualité
Les domaines mystiques et religieux ont plusieurs points communs. Par exemple, les Textes, la Pratique Rituelle et la Dévotion. Et s’il existe un seul but/vecteur apparent de recherche, il semble bien se cacher dans plusieurs formulations qui renvoient chacune à une méthodologie différente:
- le contact de la Présence Divine,
- la découverte de la Vérité (à propos de la Souffrance),
- la connaissance des ‘Choses telles qu’elles sont’
- la recherche du Bonheur (divin ou pas)
- une façon d’être et d’exister authentique
Dans chaque cas, les modalités de la réalisation sont bien différentes car:
Dans le domaine Religieux, Dieu est inatteignable et le chemin est indiqué de l’extérieur par un Clergé et une Eglise. L’expérience et la compréhension ne sont pas nécessaires car la logique est celle de l’Obéissance à un Dogme collectif. Le Dieu des Religieux joue en puissance, il a toujours raison, son église s’occupe de tout et elle a toujours raison.
Dans la Voie Mystique, Dieu est caché à l’Intérieur comme un Amant timide. La recherche personnelle, difficile, fonctionne sur le doute et la vérification et elle constitue à la fois le chemin et le but. C’est une logique d’Apprentissage de l’intériorisation [1] dans laquelle l’expérience et la compréhension jouent un rôle premier. Ici, Dieu joue comme un Maître d’Amour qui se découvre lorsque l’apprenti renonce à la volonté de le trouver et d’en tirer profit.
La Voie de la Dévotion (Adoration Directe de ‘Dieu’) est exploitable de façon égale dans les domaines religieux et mystiques. Par la contemplation de l’image intérieure ou extérieure de ‘Dieu’, la personne pratiquante peut s’oublier «elle-même» (et le vocabulaire ici vaut celui de Socrate) et s’abandonner totalement à la Volonté Divine. Dans cette orientation, Dieu est la Source ultime de toute connaissance, tout bonheur et de toute libération. Les rituels appropriés répétés régulièrement et sans fin sont le moyen idéal pour parvenir à se dissoudre dans la Présence Divine sans avoir besoin de rechercher, d’apprendre et de pratiquer aucun autre moyen. C’est un principe de conditionnement très économique, mais pas donné à tout le monde!
Dans le Domaine Philosophique en Occident, Socrate a donné sa vision du mystère en énonçant que pour connaître le Monde, il fallait se connaître soi-même. Or, «Connais-toi toi-même» est une formulation confuse qui implique une différence entre ‘toi’ et ‘toi-même’, distinction que ni Socrate ni Platon ni leurs continuateurs n’ont pu définir. Cette formulation confuse est sans issue: dans la mesure où elle est d’origine intellectuelle, elle ne fait pas appel à l’expérience organique qui pourrait lui donner une dimension complète et la valider. Quant au problème linguistique, la confusion de niveaux différents sur le même mot «toi» interdit tout progrès dans la solution du problème qui n’en est un que parce qu’il est mal formulé.
Du point de vue épistémologique, parce qu’elle ne renvoie pas à une véritable incarnation, la voie intellectuelle seule constitue une impasse. Et il en va de même pour tout programme mystique, psychologique ou religieux (ou dit de spiritualité) qui oublie ou rejette les dimensions de l’incarnation.
Le Secret de la Spiritualité
Le secret de la Spiritualité (Étym: le Chemin de l’Esprit) c’est l’idée que l’accession à Dieu, la connaissance de la Vérité et/ou la perception des choses telles qu’elles sont (la «Telléité» des philosophes) passent forcément par la connaissance de la nature de l’’Esprit’ humain car c’est bien avec nos sens et notre esprit individuels, aussi limités soient-ils, que nous percevons le monde (intérieur et extérieur). L’observation et la conscience de la nature de l’esprit, de ses activités, de ses fonctionnements et de ses modalités est donc au centre de toute connaissance possible du Monde et de Dieu.
Et qu’y a-t-il de si intéressant à ‘trouver’ dans cet insaisissable et mystérieux esprit humain?
1°) une configuration mentale nommée Ego
Dans les Religions du Livre, elle est nommée Satan, Diable ou Démon. Dans le Bouddhisme, elle est connue comme une structure mentale active, puissante, grande consommatrice de toutes les émotions perturbatrices et de toutes les addictions, et générateur infatigable de toutes les souffrances humaines. Elle se présente comme une personnalité cachée, paranoïaque, éventuellement hystérique, et toujours tyrannique. Les Soufis l’appellent le «Moi Dominant». Elle constitue le réservoir énergétique de toute réalisation potentielle.
2°) une faculté d’auto-guérison de l’organisme humain
C’est l’idée que l’organisme humain est doté d’origine des moyens instinctifs de se ‘sauver’ et de se ‘guérir’ tout seul, pourvu que la personne lui en donne les moyens en apprenant: a°) à s’adapter correctement à ses environnements b°) à mettre les processus égotiques sous tutelle de conscience et de connaissance, c°) en cessant de ‘jouer faux’ pour trouver des modes d’existence authentiques.
3°) la faculté de conscience corporelle
C’est l’idée que pour devenir ‘réalité’, chaque mot, chaque expérience doit cesser de planer au niveau d’un bavardage intellectuel et doit s’incarner sous la forme d’une configuration mentale qui lui correspond. L’organisme est considéré ici comme-un-tout, le terme «mental» est utilisé seulement comme adjectif et désigne le fondement de toute expérience sensible sur les plans subtils et/ou ordinaires.
4°) la faculté/capacité d’apprentissage
Il n’est pas pire sourd que celui qui ne veut point entendre, disait Molière. La spiritualité Soufie complète en disant qu’il n’est pas pire sot que celui qui ne veut point apprendre. La soif/volonté d’apprendre à apprendre de façon continue est une caractéristique fondamentale de la Spiritualité et constitue la base de la ‘Sortie du chemin de la Souffrance’.
5°) la cessation de la souffrance
L’exercice technique de la Spiritualité produit des effets pratiques. L’adaptation aux environnements et la cessation progressive de la souffrance sont les principaux et ils constituent à la fois le résultat et le moyen de vérifier les progrès de l’étudiant(e). Les résultats extérieurs valident les accomplissements intérieurs.
6°) la faculté vivante d’éprouver
Des sensations, des émotions, des sentiments, tels qu’ils se produisent au niveau premier, sans interprétation annexe, sans jugement de valeur, sans pollution mentale corrélative. En bref, vivre la ‘Réalité telle qu’elle est’, faire l’expérience de la Vérité (qui s’oppose ici à l’auto-illusion et à l’auto-aveuglement), et vivre la Présence de Dieu qui survient de façon naturelle dès que les processus mentaux parasites (nuages) cessent d’empêcher le ‘soleil’ de briller.
Logique de la Spiritualité
En Occident, le modèle le plus abouti du Travail Spirituel me semble être le concept Jungien de Processus d’Individuation. En l’espèce, le terme «processus» désigne un ensemble-système complexe évolutif, dynamique, changeant et organique d’événements intérieurs et extérieurs, matériels et immatériels, collectifs et individuels, conscients et inconscients, sociaux et personnels, etc.,.
L’individuation est donc conçue comme un processus par lequel un individu (au départ, abstraction mathématique neutre) peut développer son humanité (être vivant dans des environnements de relations) en étudiant d’abord, et en se désidentifiant ensuite des conditionnements, engrammes, mémoires et héritages (innés, acquis, génétiques, culturels, conscients, inconscients, etc.,) de toute nature qui affectent son existence et génèrent ses difficultés et ses souffrances.
Au cours de ce processus, l’individu(e) structure et réalise son existence de «personne» en se différenciant en conscience des modes d’existence collectifs et des caractères génériques de l’espèce. Il s’agit de «devenir individu, et dans la mesure où nous comprenons par individualité notre caractère unique, incomparable, dernier, venir à son propre moi[2]».
Cette façon de ‘penser’ la spiritualité correspond très exactement 1°) au concept bouddhiste d’impermanence 2°) au concept de non-dualité taoïste, 3°) à l’orientation non-aristotélicienne développée en Épistémologie des Sciences au début du 20ème siècle et développée en Sémantique Générale par Korzybski.
Il s’agit d’un processus évolutif de conscience qui n’a pas vocation à rajouter de la complexité et des conflits dans l’extérieur des événements, mais qui résulte plutôt d’un processus coordonné de simplification. Dés-encombrer, dé-mélanger, des-identifier, déblayer, alléger, assainir, ordonner; ensuite, (et c’en sera une conséquence directe), ce qui reste à faire pourra être fait mieux et plus simplement.
En termes de pensée occidentale classique, nous posons la question en termes de «Mais comment faire cela?» En termes de non-agir, la question devient plutôt: que dois-je arrêter de faire de façon automatique et inconsciente qui empêche le déroulement simple et naturel de mon existence?
Nous avons là une dynamique de conscience très particulière qui consiste d’abord à laisser advenir ce qui se passe en cessant de faire ce qui ne doit/peut pas être fait, et de voir ensuite comment un nouvel état de conscience plus adapté et actualisé pourra se mettre en place tout seul, sans décision de conscience volontaire de poursuivre un nouveau but.
En effet, chaque fois qu’il est question de «vouloir», il est question de «but». Chaque fois qu’il est question de but, la fin justifie les moyens. Chaque fois que la fin justifie les moyens, le lien social et le plaisir de vivre disparaissent au profit de la stupidité, du malheur et de la souffrance ordinaires.
Handicaps de la pensée occidentale
Sachant que les mêmes outils fonctionnent lorsqu’il est question de faire l’expérience personnelle de la Présence ou de la Vérité, nous affrontons en Occident plusieurs problèmes, par exemple:
1°) La confusion: le mot spiritualité constitue un terme indéfini tant ses significations ordinaires sont nombreuses. Pour le dictionnaire Larousse, dans lequel nous trouvons les définitions conventionnelles de notre langage ordinaire, ce terme désigne 1°) La qualité de ce qui est esprit, de ce qui est dégagé de toute matérialité. Exemple: La spiritualité de l’âme, de la poésie. 2°) Ce qui concerne la doctrine ou la vie centrée sur Dieu et les choses spirituelles. 3°) Les synonymes (officiels) de spiritualité sont: dévotion, foi, mysticisme, piété.
Mais en langage ordinaire occidental, ce terme est aussi couramment confondu avec les termes religion, secte, ecclésiastique, mystère, symbolique, symbolisme, ésotérique, ésotérisme, mystique, voir même le spiritisme, l’étude de la Bible, de la Kabbale et pourquoi pas la gnose, les secrets maçonniques et templiers, les sciences occultes, le magnétisme etc. Avec une acception spéciale pour les «Spiritualités Orientales» terme qui permet d’inclure dans le même titre 3000 ans d’histoire de l’observation de l’esprit au Moyen Orient, en Inde, en Chine et au Japon.
Si nous voulons voir clair dans cette confusion, nous devons admettre et prendre acte que le mot «spiritualité» n’a rien à voir avec tous les autres et travailler en pleine conscience de ce constat.
2°) les différences entre les pensées d’Orient et d’Occident: elles sont importantes. Là où nous employons le terme «conscience», la tradition bouddhiste en compte 9! Là où nous employons le terme «attention», elle en compte 5. Inversement, depuis 2008, les neuroscientifiques dénombrent 9 «intelligences» qui ne recouvrent pas les domaines des 9 consciences du système bouddhiste qui n’emploie pas ce terme au sens où nous l’entendons.
3°) l’imprécision: en langage courant, nous sommes capables d’employer indifféremment les mots esprit, conscience, âme, sans référent organique, sans conscience corporelle et donc, sans avoir aucune idée précise de ce que signifient ces termes.
4°) la carence: Le vocabulaire de la recherche spirituelle est imprécis, insuffisant ou inexistant. Lorsque les mots manquent, l’expérience et la connaissance manquent aussi. Nous ne disposons en français que du mot esprit alors que:
- en latin, spiritus n’est pas mens,
- en allemand, Geist n’est pas Sinn,
- en anglais, spirit n’est pas mind,
- en espagnol, spiritu n’est pas mente,
- en grec ancien, nous n’est pas pneuma,
- en sanscrit, citta n’est pas manas,,
Il nous manque un équivalent absent de nos dictionnaires (de psychologie y compris) qui est le concept d’organisation mentale, d’activité mentale etc., Inutile de croire que 2 mots existants dans les autres cultures ont simplifié le problème qui s’appelle l’inconscience corporelle.
5°) l’objectification/personnification: Lorsque nous parlons de l’Esprit, de la Conscience ou du ‘Mental’, nous ne les ‘pensons’ pas comme des processus en évolution mais comme si c’étaient des choses ou des personnes statiques. Tous ces éléments sont constitutifs d’une pensée réductive aristotélicienne issue de la psychologie du xxème siècle qui est tout à fait inapte au Travail de Spiritualité.
Les Moyens de la Spiritualité
Ils sont valables quel que soit l’environnement culturel. Ils sont résumés dans les 4 piliers de la réalisation bouddhiste qui constituent les clefs de la «prise de refuge» tibétaine:
Le Lama (le Maître ou le Guide spirituel)
Le Bouddha (le modèle de réalisation à développer)
Le Dharma (l’enseignement sous toutes ses formes)
La Sangha (la communauté de ceux qui suivent le Dharma)
Une fois traduit en français ‘laïque’ moderne ces quatre données, nous trouvons les quatre conditions techniques d’une formation réussie, à savoir:
L’apprentissage en relation vivante avec un maître-enseignant,
L’entraînement qui nécessite un travail personnel régulier,
L’information, sous forme d’un enseignement écrit et parlé,
L’environnement d’un atelier, d’un groupe de travail porteur.
Ensuite, ce sont des principes qui ont leur correspondance dans le code civil qui doivent être appliqués en conscience, de façon délibérée et surtout proclamée:
- L’ignorance de la Loi (les règles d’existence) n’est pas acceptable.
- Chacun a le droit de chercher à vivre heureux,
- Chacun est réputé être de bonne foi,
- Chacun est réputé faire de son mieux,
- Chacun est réputé être de bonne volonté,
- Chacun est responsable de tous ses actes, etc.
L’Essence de la Spiritualité
Contrairement à une religion que l’on peut renier et dont on peut changer puisqu’il s’agit d’une structure collective externe, la spiritualité constitue un processus d’apprentissage personnel qui se fait dans l’intimité de la Conscience. Ce développement de conscience est lié au vieillissement humain sans limitation particulière de contexte.
Pas d’effort à faire pour réussir quoi que ce soit dans cette dynamique d’existence. Enfin, pas plus qu’il n’en faut pour retirer les poutres de ses yeux, balayer devant sa porte et tenir sa maison propre sans envahir ses voisins proches et lointains de ses déchets conscients et inconscients, volontaires et involontaires. De façon inattendue, la Spiritualité sait éduquer et former des citoyens responsables!
Pour exprimer l’essence de Non-Agir, dans le Tao Tö King, Lao Tseu emploie l’image suivante: «Le Ciel et la Terre suivent leur cours sans effort; ainsi le Sage ne s’efforce jamais; il réalise sans rien vouloir. » Les Soufis, eux, disent plutôt de la personne qui travaille-intérieur de la sorte qu’elle doit apprendre à réaliser simplement en conscience le possible au présent.
* * *
[1] Voir Leçon n°24: Le Processus d’Intériorisation
[2] Vocabulaire de la philosophie et des sciences humaines, Armand Colin