La façon ordinairement fort ignorante dont nous employons notre langage courant a des conséquences importantes et désastreuses sur notre organisation mentale. Notre ‘esprit ordinaire’ fonctionne beaucoup plus sur l’inconscience et la répétition inconscientes que sur l’apprentissage et l’accueil du changement.
À l’exception de quelques chercheurs de pointe en Sciences cognitives, nous autres individus ordinaires avons l’habitude d’employer ce mot «conscience» sans jamais nous poser la question de savoir ce qu’il veut dire.
Essayez de définir ce que vous voulez dire d’habitude par «conscience», pour voir! Par exemple, «en votre âme et conscience», cela veut dire quoi? L’usage de ce singulier implique qu’il n’y en a probablement qu’une, ce qui explique que nous nous comportons inconsciemment en accord avec cette vague supposition.
Dès le 1er siècle avant J.C., les Bouddhistes de l’école du Yogachara sont arrivés à produire par expérience directe en méditation (et non pas par seule construction intellectuelle) une éblouissante représentation de ce que nous appelons la Conscience. De leur point de vue, nous ne disposons pas de «une seule conscience» qui s’écrit comme un concept au singulier en Occident ou au Moyen-Orient, mais plutôt des Neuf Consciences suivantes:
Les Cinq Consciences Sensorielles
Ces modalités de conscience permettent de voir, d’entendre, de toucher, de goûter et de sentir (les odeurs). Ce que nous appelons en Occident «les cinq sens» (à savoir: la vision, l’ouïe, le toucher, le goût et l’odorat, lesquels dépendent évidement des organes de perception à savoir (les yeux, les oreilles, la main, la bouche et le nez) ne représentent qu’un aspect partiel de ce concept de conscience sensorielle. Le concept occidental correspondant serait: perception de la sensation des objets de connaissance externes dans ses différents aspects (sujet, objet, relation, etc.)
La Sixième Conscience est appelée «Conscience Mentale»
Elle correspond au terme sanscrit manas, que les traducteurs ignorants et/ou pressés ont nommé improprement «le mental», comme si ce mot-concept intellectuel pouvait être doué de ‘substance’ et correspondre à une réalité expérimentale. Le terme «conscience mentale» désigne l’activité mentale fonctionnelle vivante et instinctive.
Sa fonction consiste à coordonner-synchroniser-syntoniser les informations issues des cinq précédentes de sorte que la ‘couleur’, la ‘forme’ et l’odeur’ d’un citron puissent être attribuées à un même objet. Mais cette sixième conscience s’occupe aussi de la perception et coordination de tous les phénomènes issus du fonctionnement des processus mentaux internes (sensations, sentiments, intuition, intellection, émotions, réflexion, méditation, etc.)
La Septième Conscience est appelée «Conscience de Soi»
Cette modalité fonctionne comme un esprit voilé ou trouble qui construit une vision de l’univers à partir des six consciences précédentes, du fonctionnement synchrone de la Connaissance (jñana), de l’Intelligence (buddhi), et de la Mémoire (chitta).
Elle produit le sentiment d’exister dans sa propre subjectivité, le sentiment d’un Ego (ahamkara). Elle est principalement tournée vers l’existence. Le sentiment d’être «soi» ou «moi» est perçu à ce niveau, alors que son origine se situe dans la Huitième Conscience.
Sachant cette 7ème conscience est capable de s’identifier à n’importe qui et à n’importe quoi, et se trouve à la racine de tous les processus de projection et d’introjection, les psychologues bouddhistes ont appelé «illusion fondamentale» (maya), le phénomène d’identification entre «moi» (7ème conscience) et n’importe quoi d’autre.
Et ils ont nommé «ignorance» (avidya) le fait d’être inconscient de cette illusion, sachant que cette inconscience peut résulter d’une carence d’apprentissage, d’un auto-aveuglement, d’un manque d’envie de savoir ou d’une absence d’introspection.
La confusion/illusion fondamentale se détecte dès que quelqu’un(e) emploie les formulations «je me…», et «je suis…». Par exemple, «je suis moi», ou «je suis un humain», «je suis quelqu’un qui…» etc.
La Huitième Conscience est appelée «Conscience Réserve»
Elle correspond au terme sanscrit alayavijñana. Ce mot signifie à peu près «conscience qui reçoit». Cette modalité emmagasine et garde la mémoire de toutes les informations issues de la transmission génétique des mémoires ancestrales et des actes produits par les 7 premières consciences. Ces informations sont appelées graines/empreintes/semences mentales et karmiques).
Ce réservoir d’informations sert de fondement aux sentiments de constance et de continuité de soi qui constituent une illusion crédible pour la 7ème Conscience qui la fabrique. Parce qu’elle est connectée à l’Inconscient Collectif, la 7ème conscience la confond facilement et à tort avec le «Soi» (au sens ou l’emploient C.G. Jung et R. Maharshi) qui est de l’ordre de la 9ème Conscience.
La Huitième Conscience est appelée par les yogis bouddhistes la «Conscience Indestructible», le principe vital (situé dans l’espace du Cœur) qui transmigre et qui, d’existence en existence, poursuit son travail de purification, c’est-à-dire de dés-identification de tous les phénomènes et de déconditionnement d’une façon générale. Elle alimente en énergie vitale l’ensemble de l’organisme en fusion avec les 7 consciences précédentes.
La Neuvième Conscience est appelée «Conscience Pure» (amalavijñana)
«Pure» veut dire: «ce qui naît et émerge naturellement à partir de l’énergie vitale de la Huitième Conscience lorsqu’elle a été débarrassée de tous les attachements et conditionnements liés au principe d’incarnation».
Le terme arabe soufi qui désigne la 9ème Conscience s’écrit «Hazrat»: la Présence, c’est-à-dire, la Conscience au Présent.
Elle correspond au concept de «Soi» ou de «Conscience Individuée» capable de percevoir le Principe Divin Universel et de fusionner avec lui. Elle intègre en non-attachement/non-agir/laisser advenir la réalité de toutes les modalités-consciences précédentes.
Sa réalisation, sa perception et son usage courant sont en pratique techniquement accessibles et plutôt réservés aux yogis, aux mystiques, aux méditants et pratiquants qui se sont détachés des croyances et conditionnements divers issus des institutions et systèmes religieux et qui ont entrepris, par apprentissage et entraînement réguliers, de transformer en expérience vivante tous les termes et états de conscience issus du Travail Intérieur ainsi que les ‘concepts’ mystiques issus des systèmes religieux.
Pour un esprit occidental qui conceptualise en principe plutôt seulement avec l’intellect, il importe de bien comprendre que:
- Ces neuf modalités-expressions de Conscience ne s’excluent pas mais sont toujours présentes ensemble à des degrés divers.
- Elles ne désignent pas des choses mais des événements immatériels.
- Elles doivent être conçues et expérimentées non comme des états conceptuels en général, mais comme des processus d’attention individuels vivants.
- Il n’y a qu’un seul processus de conscience fondamental: le 8ème. Il fonde chacun des 7 précédents qui doivent être considérés comme des rétrécissements particuliers de la 8ème conscience.
- Ce que nous appelons «Conscience Corporelle» constitue une assemblage mental variable plus ou moins efficace des 7 premières modalités de conscience décrites ici.
- Le résultat des perceptions qui se produisent en fait de conscience corporelle dépend de la position du «point d’assemblage» qui a été décrit par C. Castaneda.
- Ces réglages de conscience correspondent à des ajustements de niveaux de perception qui permettent à quelqu’un de saisir et d’intégrer les événements du monde à sa vision personnelle de l’existence. En langage courant, le résultat s’appelle «prendre conscience».
Comment utiliser cette connaissance dans votre existence?
Toutes les affirmations exposées ici ont pour objet d’indiquer de façon verbale ce qu’il s’agit pour vous de rechercher sous forme expérimentale et de façon purement individuelle.
Au quotidien, essayez, lorsque vous mangez, d’observer simplement ce qui se passe: qu’est-ce que le goût? Quel est l’organe qui vous permet de sentir le goût? Que signifie goûter? etc. Posez les questions avec les mots, mais ne cherchez pas à y répondre avec des mots. Observez ce qui se passe dans votre palais, dans l’ensemble de la bouche, les différences entre le dessus et le dessous de la langue, observez la sensation des dents, les différentes textures de ce que vous mangez, observez les muscles du cou, la production de salive, observez ce que font vos yeux lorsque mangez, observez le mouvement des mâchoires, la déglutition, observez comment les aliments réduits en purée descendent vers l’estomac, etc.
Mais observez aussi les pensées, les jugements (c’est bon, c’est pas bon, etc.,) les commentaires et les théories à propos, les associations d’idées (ça me rappelle un pâté que j’ai dégusté à Lyon, chez Untel, qui…blablabla.,) etc.
Observez encore: Qui mange? Qui goûte? Qui ressent? Qui décide si «c’est bon» ou pas, si «j’aime» ou si «j’aime pas», etc.
Observez «ce qui est» aux niveaux silencieux, en empêchant les mots de se former, et de désigner ce que vous observez. Observez sans relâche. Observez sans interpréter. Observez comment votre Bavard(dage) intérieur vient se mêler de ce qui se passe sans y avoir été consciemment invité et comment il s’efforce de mettre son grain de sel analytique partout. OBSERVEZ!
Faites ensuite de même avec nos autres 4 sens officiels. Ensuite, faites de même avec les sensations de votre peau, qui constitue l’un de nos outils sensoriels les plus importants et les plus ignorés de notre vision intellectuelle ordinaire. Et une fois que vous serez à peu près au clair avec cette histoire, que vous l’aurez décrite, contemplée, digérée et intégrée, alors, essayez de trouver le territoire qui correspond à la 6ème conscience.
Et si vous n’y parvenez pas seul(e), ce n’est pas grave, mais c’est normal. Vous pouvez prendre rendez-vous pour une séance de Massage du Calme Mental® qui a été créé justement pour vous permettre d’expérimenter tout cela en notre compagnie dans des conditions parfaites et avec un résultat garanti.