Dès qu’une envie, une attirance, un désir, un besoin, un espoir, une intuition, une pulsion, un projet, une motivation quelconque etc., fait irruption – forcément remarquée – dans notre champ de conscience ordinaire, une réaction inattendue, aussi automatique qu’inconsciente se produit de façon ‘normale’ dans notre existence: la peur, et sous plusieurs formes, à commencer par celle de ne pas y arriver.
Ensuite, plusieurs processus passent inaperçus tant ils font partie d’une sorte d’évidence elle aussi inconsciente: «J’ai toujours fait comme ça, donc, ça va bien. Inutile d’y revenir». Eh bien si, justement. Dans la mesure où ce discours caché est celui de l’EgoSystèmePeur (ESP), tant que nous ne prenons pas le temps d’observer comment ça se passe, nous restons les prisonnier(e)s inconscient(e)s de l’ensemble du processus de souffrance.
Pour bien comprendre le fonctionnement de l’ESP dans ce domaine, il faut se représenter que celui-ci passe mon existence à tenter de la sécuriser par tous les moyens. L’idéal recherché consiste à faire en sorte que ça bouge le moins le moins possible et si possible, pas du tout. Heureusement, en dehors de la période modèle qui suit le décès, cet idéal égotique pétrifiant n’est en pratique atteint que dans des cas pathologiques.
Mais comment faire, me direz-vous? Nous savons bien que le monde change tout le temps. Cela fait plus de 40 leçons (et pour certains, plusieurs centaines d’heures de méditation) que nous entendons parler du concept d’impermanence. Nous avons compris! Inutile de nous faire plus benêts que nous ne sommes, quand même!
J’entends bien cette objection. Mais la structure de cette protestation n’est pas différente de la précédente et elle provient du même auteur. Examen fait, la réalité ne fonctionne pas ainsi.
Nous avons tous l’expérience d’une prise de conscience intellectuelle parfaite: «Il faut que j’arrête de me droguer, au travail, au tabac, à l’alcool, à la télé, au sommeil, à la flemme, au vélo, au sexe, à l’argent, à internet etc.». ou toute autre addiction aussi respectable que les autres, par exemple, la timidité, la susceptibilité, le mensonge, la maladresse, la paresse, l’envie etc. Nous avons aussi l’expérience de la façon dont nous parvenons le plus souvent à mettre en œuvre cette bonne décision intellectuelle: «Bon… aujourd’hui, c’est un peu raté, je crois. Allez, je commence vraiment demain.»
Il existe une considérable différence entre les processus de compréhension intellectuelle conscients (tels ceux que je viens de rappeler, par exemple) dont le caractère immatériel semble aussi séduisant qu’immédiat et les processus organiques inconscients qui vivent au rythme très lent des modifications cellulaires.
Leur vitesse de transformation est infiniment plus lente que la pensée verbale puisqu’au cours d’une ‘prise de conscience’, il s’agit soit d’incarner en conscience quatorze configurations mentales différentes[1]. L’ensemble du processus peut prendre plusieurs jours ou plusieurs, mois et à condition que chaque étape soit d’abord réalisée sur la configuration mentale contemplation qui conditionne ensuite la phase d’intégration.
Notre organisme-fonctionnant-comme-un-tout ne se modifie ni au rythme de la pensée, ni au rythme informatique. Analogiquement, sa vitesse de réaction ressemble à celle d’un bateau-tanker et si nous imaginons qu’il est capable de jouer les Formule 1, c’est uniquement en cas d’urgence vitale, de panique et de sauve-qui-peut.
Mais alors, le fameux Satori du Zen, il est quand même complètement immédiat, il s’agit bien d’une expérience brutale, quasi foudroyante, non?
Certes, mais cette expérience brutale est analogue à un vase qui déborde (il a fallu du temps pour le remplir), à un réservoir de grains qui explose (il a fallu du temps pour que la fermentation des grains se produisent), à un barrage qui craque ou un mur qui s’effondre (il a fallu du temps pour que la construction se détériore) et à l’explosion de joie Eureka ! (qui signifie « j’ai trouvé » après une longue recherche évidemment,) etc. Dans tous les cas, ce phénomène mental soudain est le résultat/produit d’un processus antérieur qui a pu durer très longtemps.
Et c’est justement de «processus» dont il va être question.
Foulement
A ma connaissance, terme «foulement» n’a jamais été employé seul sous cette forme même en vieux français. Il s’agit de la « foulée », terme utilisé de façon courante (sic) par tous les amateurs de cross, footing et autres marathons. La foulée désigne simplement la façon ordinaire de marcher et de courir. Notre langage courant utilise de façon abondante les images qui correspondent à ce sens: aller son chemin, faire son chemin, tracer sa route, se tromper de chemin, aller vite, avancer dans un projet, dans une compréhension, courir à sa perte, reculer pour mieux sauter, ça marche, ça fonce, se trouver bloqué sur place, se trouver au bord d’un abîme, c’est la fin de la route, etc.
Ce langage analogico-poétique trouve son origine dans notre fonction sentiment qui comprend avec des émotions et des images beaucoup mieux qu’avec des arguments logiques. Il est couramment (sic) employé parce qu’il fait justement référence à notre ‘mesure organique et inconsciente’ des événements. Dans la mesure où il met en rapport les registres sensation, émotion et sentiment, ce n’est pas un langage quantitatif, mais il évoque bien ce dont il s’agit.
Nos communications verbales ordinaires fonctionnent de cette façon et pour la plupart, ces analogies imprécises suffisent, bien sûr. Je dirais même que plus elles sont vagues et mieux cela fonctionne puisque chacun d’entre nous peut ainsi projeter sur ces mots vides de contenu ‘objectif’ ses propres ressentis dits ‘subjectifs’. Le fait d’en parler avec quelqu’un d’autre nous donne alors la réjouissante illusion d’avoir été compris… nous semblons d’accord puisque nous comprenons les mêmes mots !
Certes ; les mots sont les mêmes pour tous, mais chacun(e) d’entre nous les incarne à son unique manière. Du point de vue technique, nous faisons du bruit avec la bouche. Cela nous rassure sur notre existence sociale, cela rassure nos interlocuteurs aussi et donc, tout va pour le mieux. Cette musique ordinaire qui fait du lien social remplit parfaitement son rôle lorsqu’il s’agit des dimensions politiques et collectives de l’existence. Mais elle peut faire un écran massif et toxique dès lors qu’une personne se mêle de réaliser une compréhension précise de ce qui se passe, que ce soit ‘dedans’ ou ‘dehors’. Comme ce langage ne décrit rien de façon détaillée ni technique, il se révèle inemployable en travail d’intériorisation et impropre à toute prise de conscience.
Du point de vue énergétique, le concept de «foulement» dont il est question ici correspond à celui d’un fonctionnement énergétique non entravé, non contrarié. Ça marche, ça coule, ça roule, de façon libre et sans obstacle. L’EgoSystème emploie d’ailleurs une considérable quantité/qualité de mon intelligence vivante à fabriquer des habitudes pour que ça marche, ça coule et ça roule au mieux, en vertu d’un principe d’économie d’énergie pas idiot du tout qui consiste à simplifier l’existence chaque fois que c’est possible.
C’est ainsi que «dans la foulée» signifie «dans le même mouvement déjà en cours».
Refoulement
En langage courant, lorsque «Les ennemis ont été refoulés» nous comprenons qu’ils ont reculé, qu’ils sont repartis dans l’autre sens. Lorsque dans un immeuble «tous les éviers et baignoires refoulent», nous faisons l’hypothèse que la descente d’évacuation des eaux usées doit être bouchée à la cave et que les eaux ressortent là où elles le peuvent, à contresens, donc.
En langage psycho-analytique, le terme refoulement désigne le fait que l’énergie qui alimente un besoin, une attirance, un désir, une pulsion, une intuition, un espoir, un projet, une motivation quelconque etc., se trouve brusquement bloquée, empêchée de suivre son chemin normal, ce qui est appelé aussi vivre son désir, ou assouvir sa pulsion, etc.,
Lorsque l’énergie repart ainsi à contresens, ce qui se produit est appelé frustration, c’est-à-dire ce sentiment particulier que nous éprouvons lorsque nous ne pouvons pas vivre et/ou réaliser ce à quoi notre organisation mentale nous pousse de façon ‘instinctive’ et ‘naturelle’.
Du point de vue du fonctionnement égotique, lorsque le désir (de jouissance quelle que soit sa forme) ne peut pas être satisfait, plusieurs événements intérieurs tout aussi ‘naturels’ suivent le ressenti de frustration. Subtil mélange de sentiments, d’émotions et de rationalisations, ils se produisent de façon automatique souvent trop rapidement pour être perçus ce pour quoi ils demeurent presque toujours inconscients ; par exemple:
– La surprise: Tiens? ça ne marche pas?
– L’inquiétude: c’est quoi ça? Ce n’est pas normal! Pourquoi ça marche pas?
– L’effondrement énergétique: pfff ! je suis crevé(e), brusquement…
– Le sursaut de colère: pourquoi moi? ça se passera pas comme ça!
– La recherche d’une autre solution: et pourquoi moi je n’aurais pas le droit?
– La protestation déçue: c’est lamentable, c’est injuste!
– La résignation: pauvre de moi, une fois de plus, je me suis fait(e) avoir!
– Le stockage râleur: Bon, je suis bien coincé; la prochaine fois, je m’en rappellerai.
Et la vie ordinaire reprend son cours. Mais la rancœur et les sentiments d’échec, d’injustice etc. plus l’ensemble des configurations mentales qui les caractérisent, plus toutes les conséquences énergétiques qui leurs sont associées vont perdurer.
Depuis Napoléon et sa création d’un enseignement civil copié sur les principes de l’entraînement militaire, les principes d’éducation morale et civile ont amplifié et institutionnalisé l’idée qu’il faut apprendre à endurer n’importe quelle situation désagréable pour aboutir à réaliser des objectifs d’un intérêt supérieur au désagrément éprouvé. Pour les dames, cela a donné: «Il faut souffrir pour être belle». Pour les hommes, «Sois le premier; le meilleur sinon rien.»
Depuis des centaines (voire des milliers d’années pour certains aspects), nous avons été collectivement dressés à absorber tout ce qui ne nous plaît pas pour nous ‘endurcir’, nous ‘rendre plus fort(e)s’, nous ‘faire le caractère’, nous ‘armer contre l’adversité’ etc. Le discours ordinaire correspond à nous apprendre à nous taire, à ‘encaisser’ tout ce qui se produit de désagréable comme une sorte de fatalité, à ‘prendre sur nous’ pour ‘faire avec’ quoiqu’il arrive, et surtout sans rechigner parce que c’est interdit.
Sur la base de l’interdiction de se plaindre, nous avons été conditionnés aux niveaux inconscients à trouver ces désagréments normaux et faisant partie de l’existence. La conséquence de ce dressage porte le nom de refoulement.
Par analogie en électricité, cela revient à débrancher les systèmes d’alarme ainsi que les fusibles de sécurité. Or, les systèmes de sécurité sont faits pour nous prévenir que nous sommes inconscients d’être déjà entrés dans un espace-temps personnel signé DANGER.
Le but est de nous avertir que quelque chose’ ne va pas, même si nous sommes encore incapables d’identifier précisément de quoi il s’agit. Si nous les débranchons, nous devrons payer le prix de l’inconscience, et ça se paye toujours dans notre organisme. Autrement dit, lorsque nous évitons la symbolisation, c’est la somatisation qui se produit. Les cancers, par exemple, se fabriquent notamment à partir de ce processus.
Comment fonctionne le refoulement? Imaginalisez un conseiller intérieur et invisible, quasiment inconscient, qui s’exprime ainsi: «Bien sûr il y a du danger, mais ces alarmes disjonctent bien trop facilement. On s’en fiche. Allez, bats toi! Continue, tu verras bien. Faut que ça passe ou que ça casse.» ETC.! Le mécanisme mental fonctionne comme un véritable ‘passage à la trappe’ des ‘FUSIBLES’ (à savoir les sentiments de désagrément-malaise-contrariété) de façon à pouvoir continuer quoi qu’il arrive en ignorant la réalité de ce que notre organisme est en train de vivre.
Désagrément, malaise, contrariété… De quoi est-il question ?
Le mot Dés-agrément ne désigne pas une chose, ni un événement du monde extérieur visible. Il veut dire que ce que je ressens ne m’est pas agréable. Il s’agit de la perception d’une sensation qui est interprétée par mon esprit comme n’ayant rien à faire avec mon «plein gré». Nous appelons cela un sentiment.
Le mot Mal-aise ne désigne pas une chose, ni un événement du monde extérieur visible. Il veut dire que je ne me sens pas à mon aise, pas confortable. Il s’agit de la perception d’une sensation qui est interprétée par mon esprit comme une absence de confort, d’aisance et de facilité Nous appelons cela un sentiment.
Le mot Contra-riété ne désigne pas une chose, ni un événement du monde extérieur. Il veut dire que ce que je perçois me semble aller contre ce que je trouve souhaitable et «allant de soi», contraire à ce que j’aimerais qu’il se produise. Il s’agit encore de la perception d’une sensation qui est interprétée par mon organisation mentale comme contraire à mon « confort /aisance/ agrément etc.». Nous appelons cela un sentiment.
À ce stade, il faut réaliser qu’en se produisant, le refoulement a induit une première perte de connaissance. Ce que nous avons à faire consiste donc seulement à re-prendre connaissance (= re-connaître) qu’une situation de DANGER est en train de se produire et qu’il faut STOPPER immédiatement les processus d’ignorance et d’évitement.
Ni bon ni mauvais ‘dans l’absolu’, ce processus fonctionne parce que nous sommes vivants et produit des effets organiquement programmés que nous appelons des conditionnements. Il n’est pas anodin et par analogie, peut faire autant de dégâts et de désordres dans notre activité mentale qu’une déroute militaire ou une canalisation bouchée.
Le fait de le qualifier de bon ou mauvais dépend de la manie égotique de catégoriser de façon binaire les événements du monde, mais nous ne sommes pas obligés de croire de façon aveugle à tous les jugements produits par notre EgoSystèmePeur, presque toujours limités, insuffisants, erronés et toxiques qui se produisent sur l’écran de notre conscience. «Je choisis de croire que ce qui m’arrive est réel». OU PAS[2]!
Défoulement
«Dé» comme dans dé-tacher, déf-aire, dé-truire, dé-précier, dé-ourager, dé-missionner, dé-cider, dé-liquescence, dé-jouer, dé-pouillement, dé-cohésion, des-habiller, etc. Ce préfixe désigne les processus de séparation et d’éloignement. Aux niveaux collectifs, une image simple du processus de défoulement organique se trouve facilement dans les écoles primaires. Au temps de silence qui préside aux heures d’étude à l’intérieur des classes, succède le bruit multiple et massif de la cour de récréation.
Les applaudissements à la fin d’un concert, les hurlements à la fin d’un discours politique sont du même registre. Le bruit épais et monumental dans lequel peut se dérouler un match de foot laisse à penser que les supporters addicts qui viennent se baigner dans ce bruit s’en servent pour compenser certains types de silences de la vie ordinaire.
Aux niveaux personnels et énergétiques, l’image qui me semble la plus parlante est celle de la cocotte minute et de son fameux Pschitt produit par la soupape. Le rire marque la fin d’une période de tension et/ou d’attention qui brusquement se relâche. L’explosion de colère marque la fin de la rétention énergétique due à une frustration, quelle qu’elle soit et d’où qu’elle vienne. Bien des sports sont utilisés comme des défoulements individuels autant que de masse.
Infoulement
Dans le travail de transformation intérieure, le processus que j’appelle infoulement me semble particulièrement intéressant à explorer. Il fonctionne en effet sur les registres de la configuration mentale contemplation suivie de la phase admettre qui conditionne ensuite la phase d’intégration.
Contempler cum-templare Faire un temple avec tout ce qui se passe (dedans/dehors)
En-conscience-Ici-maintenant, à partir de la Conscience Rouge, régler une perception non-impliquée de tous les environnements en attention 5ème (synthèse des attentions 1 laser, 2 panoramique, 3 bibliothèque, 4 corporelle). Contempler en ‘vision grand angle’ un coucher de soleil lorsque le soleil a disparu. La Configuration Mentale Apprentissage, sert précisément à obtenir ce résultat.
Dans notre étude de ce processus, rappelons-nous que l’origine du refoulement se trouve presque toujours dans une interdiction. Un désir qui ne peut pas être réalisé ou vécu se traduit par de la frustration, autrement dit, un démarrage du processus de souffrance N°1. Si nous croyons que la solution consiste à rentrer dans l’examen intellectuel des ‘objets’ du désir interdit, nous restons au niveau de la projection des sentiments sur les objets en question, et nous aboutissons forcément à une erreur, elle-même souvent génératrice d’échec et donc, de souffrance N°2.
Le processus d’intériorisation nous permet au contraire d’aller contempler directement le fonctionnement de la souffrance N°1 et notamment, la façon dont notre esprit la produit.
Identifier la souffrance
Quoi qu’il se soit produit (dehors), je me rappelle que les choses, les gens, les événements et les situations ne sont pas désagréables par eux-mêmes et ne causent pas par eux-mêmes de malaise particulier. Que je sois là ou pas, ils se produisent. À la suite, je les perçois, je les ressens, je les interprète en fonction de mes sensations, de mes croyances et de mes sentiments et c’est ainsi que j’en souffre parce que j’imagine et je crois qu’ils me sont extérieurs et inaccessibles.
L’usage incorrect du langage courant (les contrariétés sont à l’extérieur de moi) produit à mon insu dans mon esprit une confusion entre mes émotions, mes sentiments et les choses, les gens, les événements et les situations du monde extérieur. Nous appelons ce mécanisme une identification inconsciente.
Dès que je ressens désagrément-malaise-contrariété (etc.), c’est qu’un événement intérieur nommé refoulement s’est produit dont je suis encore inconscient(e). Je sais d’où vient ce processus mental classique que j’ai appris à reconnaître. De façon inconsciente, mes conditionnements sont entrés en conflit avec mes sentiments dedans et un événement quelconque dehors qui a été le point de départ. Mais comment ai-je pu ne pas voir cela, ne pas avoir conscience de cela ?… qui se produit si souvent !
Notre éducation standard nous a appris à tourner notre attention seulement (dehors) vers le ‘monde extérieur’. Je n’ai donc aucune conscience des configurations mentales (intérieures) avec lesquelles je perçois ce qui se passe. C’est pourquoi je confonds d’ordinaire ce que je crois avec «la réalité». Cette inconscience conditionne à mon insu toutes mes réactions biologiques, toutes mes représentations du monde, et constitue la source de mes erreurs et de mes souffrances.
Le système bouddhiste appelle cette inconscience ‘IGNORANCE’ (quand je n’ai pas encore appris) et/ou ‘STUPIDITÉ’ (quand je ne mets pas en œuvre ce que j’ai appris). C’est pourquoi il considère que l’absence d’intériorisation dans laquelle nous avons été élevés constitue une véritable pathologie de la conscience.
Mon esprit est conditionné à projeter de façon inconsciente le caractère « désagréable, malaisé, contrariant etc., » sur les choses, les gens, les événements, les situations, etc. Lorsque je dis que les choses, les gens, les événements et les situations SONT désagréables, malaisés et contrariants, cette façon de décrire ce qui se passe est donc fausse, mais j’y crois, parce que c’est ainsi que j’ai appris à parler, penser et me comporter… de travers!
Les mots désagrément, malaise, contrariété (etc.) ne désignent pas une chose, ni un événement du monde extérieur. C’est ainsi que nous nommons l’expérience de nos sentiments, c’est-à-dire des productions mentales qui nous sont intimement personnelles. Même s’il ne se passe absolument rien dehors, notre esprit est capable de nous fabriquer un super-théâtre d’illusions, dedans.
À ce stade, j’ai besoin de comprendre et de reconnaitre que le processus de souffrance constitue une production pure et autonome de mon organisation mentale. C’est justement pour cette raison que je suis le/la mieux placé(e) pour agir sur elle, càd, cesser de m’identifier à cette souffrance. Et je dois admettre que c’est moi seul(e) qui doit faire ce travail de conscience. Personne ne peut le faire à ma place.
Admettre ad-mittere Aller vers ce qui a été mis devant moi
Veut dire: Cesser de croire à toutes les attentes, suppositions, inférences, ‘sijorèsus’ , espoirs, désespoirs, malaises, contrariétés et autres perturbations mentales relatives à ce que j’ai pu vérifier. «Je choisis de croire que la situation est telle que je l’ai décrite et vérifiée. Il me reste à surveiller le risque inconscient d’y croire comme à un absolu fixe et définitif.»
Je dois ensuite réaliser qu’en se produisant, le refoulement a induit une perte de connaissance. Non seulement je n’ai pas eu le temps de voir ce qui s’est produit, mais en plus, je suis inconscient(e) de ce qui s’est vraiment produit. Je dois donc re-prendre connaissance-conscience au plus vite que cette ignorance me met en DANGER, même si j’ignore encore de quel danger il s’agit. J’ai besoin de temps pour faire l’analyse correcte de tout cela et retrouver mon calme mental. Je dois stopper tous mes processus internes automatiques et inconscients: je dois STOPPER TOUT immédiatement!
C’est la raison d’être du Mode d’emploi du processus de StopUrgence[3]. Ce dernier permet un retour rapide en conscience corporelle sans lequel il n’est pas possible de terminer correctement l’ensemble du processus avec la phase d’intégration, c’est-à-dire…
Intégrer in-tegere Faire entrer le jus dans la trame du tissu
Veut dire: Laisser passer du temps pour permettre aux nouvelles données de fusionner aux niveaux silencieux et inconscients avec les anciennes, et de modifier les fonctionnements ordinaires de mon organisme comme un tout sans « je veux » ni effort particulier. Rien à faire. Conscience du processus nécessaire et suffisante.
[1] Voir Mode d’emploi n°3: Prendre conscience, et Leçon n°42: Configuration mentale
[2] Voir Leçon n°24: Le Processus d’Intériorisation
[3] Voir Mode d’emploi n°11: Procédure de Stop-Urgence