Leçon n°47 – J’essaye mais je n’y arrive pas

Dire d’un habit qu’il est «seyant» signifie qu’il convient bien à une personne qui le porte. La phrase: «L’essayer c’est l’adopter» délivre le même sens. Plus généralement, le terme «essai» désigne le fait de faire une expérience de façon à pouvoir porter un jugement à propos des choses que nous utilisons, les événements que nous vivons, des gens que nous sommes amenés à connaître, etc.

Sauf au rugby où un essai marqué ‘est’ déjà une réussite à soi tout seul!

J’essaye, mais c’est dur

D’essayer à échouer, de s’efforcer à se forcer, il n’y a qu’un pas vite franchi. Dans les métiers manuels qui utilisent des outils potentiellement dangereux (et les travaux et le bricolage domestique sont un bon terrain d’observation), les accidents arrivent toujours lorsque l’ouvrier(e) force et utilise ses outils de façon volontariste, non fluide et/ou non adaptée.

C’est ainsi que se cassent les clous, les têtes de vis, les tournevis, les clés de toutes sortes; c’est ainsi qu’il est facile d’abîmer les matériaux en cours de travail, de se prendre un tournevis dans la main, un coup de cutter sur les doigts, de se brûler avec le fer à souder, de voir la tronçonneuse s’animer d’une vie personnelle dévastatrice et l’échelle… s’effondrer doucement sur le côté faute d’avoir été installée de façon correcte.

Plusieurs hypothèses peuvent être posées à ce moment là: 1°) l’outil n’est peut-être pas adapté au but recherché, 2°) nous n’avons peut-être pas pris soin de situer les contextes et de planifier correctement l’affaire 3°) ce n’est peut-être pas le bon moment, la bonne personne, le bon projet, etc., 4°) à l’intérieur, notre configuration mentale n’est peut-être pas celle qui convient, etc.

Au résultat, dès que nous percevons que le moindre élément ‘va de travers’, il s’agit d’arrêter et réfléchir pour savoir comment s’y prendre autrement. La procédure de StopUrgence[1] est évidemment appropriée dans ce cas, comme à chaque événement générateur d’une souffrance quelconque déjà présente ou seulement potentielle. Elle permet de repérer le(s) dysfonctionnement(s) et dysharmonie(s), d’étudier sur le vif l’ensemble des paramètres actifs et d’en tirer au plus tôt les conclusions utiles.

C’est ainsi que fonctionne dans le monde ordinaire aux niveaux personnels la prévention des accidents (dehors), du cortège de désordres (dehors et dedans) et de souffrances (dedans) qui les accompagnent ensuite.

La même logique fonctionne très bien lorsqu’il s’agit de percevoir, en termes d’intelligence stratégique, le sens de l’Energie de la Situation. Dans ce domaine, il s’agit de porter les attentions sur tout ce qui vient contrecarrer un projet que nous nous efforçons de mettre en œuvre.

Si nous fonctionnons en attention première, nous chercherons à traiter seulement ce qui ne fonctionne pas ou ce qui bloque. En attention seconde, nous chercherons à comprendre quels sont les contextes proches qui sont en jeu. En attention troisième, nous essayerons de situer ce qui bloque dans des contextes plus historiques. En attention quatrième, nous rechercherons si, par hasard, le blocage ne viendrait pas directement de nos fonctionnements personnels. En attention cinquième, nous ferons l’examen-synthèse de toutes les données ainsi collectées pour obtenir une perception Gestalt, c’est-à-dire non limitée à la seule logique intellectuelle, par exemple.

Par analogie, que se passe t-il lorsqu’il s’agit d’effectuer des exercices de Travail Intérieur?

J’essaye, mais j’ai du mal.

De façon générale, dès que nous entendons les mots ‘j’ai du mal’ se prononcer en esprit ou à haute voix, dès que nous sentons même sans mot que ‘j’ai du mal’, ça signifie que le processus souffrance a démarré. À notre insu, bien sûr.

De ce point de vue, le langage courant observé de façon habile[2] et en conscience constitue un véritable avertisseur. Si le processus souffrance a démarré, cela signifie que l’EgoSystème est déjà en train de piloter l’ensemble de la situation et qu’il a pris la direction des opérations à l’insu de notre plein gré, autrement dit, lorsque nous nous trouvions hors conscience corporelle. Or, nous savons que chaque fois que nous n’occupons pas en conscience corporelle la place de l’Ego, c’est lui/elle qui ‘prend la main’[3].

L’ensemble du processus ainsi étudié montre comment une pensée pilotée par l’EgoSystème (Vas-y, essaye, mets le paquet, ça passe ou ça casse!) a forcément des conséquences organiques néfastes à tous les niveaux verbaux et silencieux, autant psycho que somatiques. C’est pourquoi, dès que nous sommes en mesure de constater que « j’ai du mal« , il s’agit ‘d’arrêter les frais’ d’urgence pour entrer dans l’observation de ce qui se passe aux niveaux silencieux. Cette stratégie équivaut à la conscience que «Je ne sais pas tout et donc, il faut que je recherche ce que j’ignore et qui m’a échappé jusqu’à présent.» à commencer par une première analyse-inventaire des signatures émotionnelles et sentimentales qui sont en fonctionnement organique.

Continuer à essayer en ayant du mal mérite d’être identifié comme un processus complexe mais cependant stupide conforme au fonctionnement duel de l’Ego. L’Ego-Tyran fustige Povtichou qui est capable de travailler sans discernement ni intelligence jusqu’à l’épuisement de ses forces et de son intérêt d’existence, voire même jusqu’à s’abîmer. D’où l’idée « d’avoir du mal », d’ailleurs. C’est le magnifique ressort du sketch de Raymond Devos: «Je me suis fait tout seul»:

Tout au début, tandis que je me faisais, je voyais bien que je ne me faisais pas bien.
Mais comme à chaque fois que je disais que je me faisais mal.
Les gens me disaient «c’est bien fait…!», j’ai continué à me faire mal en croyant bien faire!

J’essaye… de rester tranquille.

Du point de vue de l’Esprit Ordinaire, voilà une formulation paradoxale. Sachant que c’est plutôt le processus d’agitation qui, d’habitude, consomme de l’énergie (puisqu’il s’agit toujours de passer d’un ‘état’ à un autre et que c’est justement cette activité qui est consommatrice d’énergie), l’idée de «rester tranquille» semble aller de soi; en effet, elle ne nécessite pas de ‘changer d’état’ et donc ne demande ni travail, ni effort ni consommation d’énergie quelconque. Mais ce n’est pourtant pas ce qui se passe.

En réalité, quand il s’agit de l’EgoSystème, rien de va ‘de soi’. Les leçons n°30[4] et n°38[5], notamment, font l’analyse détaillée des processus ‘tordus’ que l’incroyable inventivité de l’EgoSystème nous donne l’occasion de vivre et de subir. La méditation est le moment par excellence où il s’agit de rester tranquille qui a le don d’exaspérer le plus l’Ego Système.

Dans cette situation, nous vivons une sorte de coupure schizophrénique: «Moi» essaye (et donc s’agite et fait des efforts dans le but) de rester tranquille (c’est-à-dire cesser de s’agiter, de s’efforcer et de vouloir atteindre un but). La solution pratique, une fois de plus, s’appelle StopUrgence, puis lâcher prise. En résumé, il s’agit de remplacer «essayer» par «cesser de».

Ce que je suis en train de dire n’est pas seulement destiné à rester une ‘lettre morte’, c’est-à-dire un discours ou une lecture que ne suit aucun effet. Il s’agit de le faire et de prendre conscience corporelle au passage du processus inconscient de saisie et de crispation égotique; ce processus doit être remplacé par un arrêt, un stop, une cessation inconditionnelle de l’activité pathologique précédente. C’est très précisément cela qu’il y a faire, et qui porte justement de nom de «non-agir», dont la meilleure traduction que je connaisse est «non-vouloir».

J’essaye, mais je n’arrive pas à rester en conscience rouge.

Dans la pratique du réglage de départ[6], rester en conscience rouge signifie dans l’ordre que le/la pratiquant(e) entre en conscience corporelle imaginale:

1°) de la conscience blanche, en visualisant le tiglé blanc au centre de la tête
2°) du rayon laser de l’attention première qui sort de ce tiglé et qui vagabonde en sautant sur le premier événement qui passe,
3°) de la perception subtile de l’énergie qui se déplace d’objet en objet toujours à l’extérieur de l’enveloppe corporelle, et juste après…
4°) de la conscience rouge, en visualisant le tiglé rouge au fond du ventre.

Ensuite, il s’agit de poser en conscience l’attention première sur n’importe lequel des ‘objets’ de l’attention précédents, de ramener ledit objet à l’intérieur du tiglé rouge du ventre et d’imaginaliser que ledit objet se dissout dans la conscience rouge.

Comme dans une micro explosion atomique, cette énergie ainsi dissoute transmute l’énergie laser de la conscience blanche en énergie radar multidirectionnelle de la conscience rouge. Ensuite, il faut imaginaliser[7] que les tiglés des pieds et des mains s’allument, que l’axe central devient une colonne de feu dont la ‘chaudière’ se trouve dans la conscience rouge du ventre et la sortie au centre de la fleur de lotus au sommet de la tête.

Cette chaudière se trouve alimentée en énergie tellurique par les tiglés des pieds, via les jambes et par le chakra racine[8] et le paquet de racines rouges sombre qui pousse vers le bas. Il reste à imaginaliser le triangle des tiglés ventre+pieds qui constitue le socle stable de la conscience corporelle et à laisser fonctionner l’ensemble sans chercher à le diriger.

Une fois ceci réalisé, cela suffit. Le vagabondage ordinaire de l’attention première qui fait son travail de laser va recommencer, bien sûr, et c’est normal. Ce qui diffère désormais, c’est que le point d’assemblage (de la conscience corporelle) n’est plus fusionné à la conscience blanche. Cette fusion/confusion produisait une absence de conscience corporelle et donc, un fonctionnement organique schizoïde. Mais dès lors qu’il est fusionné à la conscience rouge, ce réglage empêche l’EgoSystème de diriger l’ensemble à partir de l’intellect, d’une part, et de produire les angoisses ordinaires, d’autre part.

Dans cette nouvelle configuration, chaque fois que l’attention première va se poser quelque part, elle passe par l’œil de conscience rouge. Notre conscience (5ème)[9] contemple dès lors le processus comme un élément de l’ensemble de notre existence et non plus la conscience blanche (1ère) qui cherchait de façon compulsive, hypnotique et ego-pilotée à se saisir des événements du monde en oubliant la dynamique de l’incarnation.

Remarques annexes

Vases communicants: Si vous avez lu ce texte en faisant ce que je viens d’expliquer, vous pouvez constater qu’il n’existe plus aucune pensée parasite dans votre esprit. Votre attention première étant retournée à l’intérieur vers la conscience rouge, il n’y a plus assez d’énergie pour alimenter l’EgoSystème puisqu’il s’agit du même registre énergétique.

Aveuglement spécifique: Tant que ce résultat de conscience corporelle (qui produit l’attention quatrième), basique mais efficace, n’est pas atteint, l’Ego(tine) n’a aucun mal à piloter la conscience de la personne qui ‘essaye’ de pratiquer; elle est inconsciemment persuadée que dès qu’elle pratique, l’Ego n’est plus actif et elle s’imagine donc qu’elle est dépourvue de processus égotique pendant ce temps là. Rien n’est plus faux!

Dire n’est pas faire: La même illusion se produit lors de la lecture d‘ouvrages dits de spiritualité, aussi ‘bons’ ou ‘intéressants’ soient-ils, et quel que soit le niveau de réalisation spirituelle de la personne qui les a écrit. Quelle énergie, quel enthousiasme nous pouvons ressentir dès que notre intellect (et donc notre activité égotique) réagit en croyant comprendre, intellectuellement et dans le seul cadre de ses limitations propres bien sûr, ce qui est expliqué dans le livre! C’est tellement clair, tellement évident… Alors que la réalité de la conclusion automatique et inconsciente est: Parce que je l’ai compris (intellectuellement) alors, je sais le faire.

Dans les domaines spirituels, la créativité et la puissance d’illusion de l’Ego se révèlent sans limite et d’une efficacité terrible. Tressaillir de joie à la lecture d’un livre sur les Anges, leur prophétie, leur savoir faire et leur capacité d’intervenir dans nos existences suffit à l’Ego Système pour se (et nous) classer dans la catégorie Grand Mystique Initié.

Assister à la conférence d’un lama tibétain pendant 1H30 suffit à l’EgoSystème pour ego-nous persuader que nous avons tout compris à ce qui se passe au cours d’une retraite solitaire de 3 ans 3 mois et 3 jours et que, par conséquent, ce n’est pas la peine d’essayer! Ou encore, que nous avons tout compris à la Prière des Chartreux parce que nous avons vibré 40 minutes lors d’une cérémonie du matin à l’Abbaye Cistercienne de Sylvacane, ou que nous savons à quoi nous en tenir sur le dikhr soufi parce que nous avons fait la récitation rituelle une fois pendant une heure dans une communauté du 93.

Occuper la place de l’Ego: Cette histoire fonctionne chaque fois que l’EgoSystème vient envahir/occuper/polluer etc. notre conscience seulement parce que nous avons ‘oublié’ de commencer d’exister en réalisant le réglage de départ et/ou la configuration mentale appropriée à l’apprentissage, la concentration ou la performance.

Savoir faire et savoir dire: Pour ma part, j’ai commencé à comprendre la qualité d’illusion dont il était question lorsque mon Maître soufi, après la lecture d’un exercice de yoga que je lui disais avoir compris et trouvé génial, m’a répondu: «Ah oui! Excellent. Alors maintenant, expliquez moi avec des mots ce que vous avez fait et montrez moi comment vous le faites.» J’ai pris conscience ce jour là que ce n’est pas en lisant et en comprenant une recette de cuisine que je connais son résultat et que j’en sens le résultat dans ma bouche[10]!

C’est pourquoi, en Sémantique Générale, nous appelons cette identification inconsciente «Manger le papier du menu».

Débrancher l’EgoSystème dès le réveil

En pratique, nous pouvons chaque matin ‘démarrer’ la journée en configuration mentale (C.M.) Esprit Ordinaire qui a deux caractéristiques principales: 1°) automatique, elle ne nécessite aucun effort et nous paraît donc normale, 2°) inconsciente, nous ne pouvons pas en avoir une conscience quelconque en dehors d’un entraînement approprié. Autrement dit, inutile de s’en occuper puisque ça marche comme ça de façon ‘naturelle’. Et c’est ainsi que l’EgoSystème verrouille notre conscience d’Eveil et fonctionne comme un Gardien du Seuil, un Empêcheur de changer quoique ce soit dans nos existences internes, et si possible externes.

Nous pouvons aussi choisir d’entrer le plus tôt possible en C.M. Esprit d’Eveil conscient consiste à relire le texte du réglage de départ (ou celui de la C.M. Apprentissage[11] (qui met l’accent sur la prévention de l’Aveuglement Spécifique) et à l’appliquer le temps de la lire/prononcer à voix basse (ou haute si possible). C’est véritable un choix de conscience qui produit des effets (karma) prédictibles dans ce cas comme dans l’autre précédent.

Sachant que «Je choisis de croire que ce qui m’arrive est réel»[12], cette stratégie non génératrice de fatigue semble la meilleure façon de piéger l’Ego chaque matin. Nous avons simplement intérêt à choisir en conscience cette version d’existence ‘sans souffrance’, à nous entraîner à la mettre ainsi en pratique et à être attentif au long de la journée aux différentes façons dont notre activité égotique va chercher par tous les moyens les plus subtils à nous faire quitter ce registre.

Quant à notre vigilance, peut-être pouvons-nous avec profit l’employer à dépister toutes les réactions d’inconfort, de contrariété, d’énervement, d’effondrement, de peine, de tristesse et de désarroi etc.[13], au fur et à mesure qu’elles se produisent dans notre vie ordinaire. En effet, une fois dépistées, il nous reste à les reconnaître/identifier comme des expressions des processus de souffrance dont le créateur n’est pas ‘moi’ ici-maintenant, vu qu’aux niveaux conscients, nous sommes plutôt occupés à rechercher notre confort, notre plaisir et si possible notre jouissance plutôt que les ennuis et le malheur.

Chaque fois que nous identifions clairement ces souffrances, petites ou grandes, cela importe peu, nous restaurons notre capacité à nous dé-identifier des conditionnements, automatismes et autres invariants de structure » avec lesquels notre EgoSystème pourrit notre vie de façon si raffinée!

Cette pratique du dépistage systématique des comportements égotiques, qui consiste à occuper la place de conscience[14], peut se travailler dans n’importe quelle configuration de n’importe quelle discipline ou situation d’existence.

C’est pourquoi, pourvu qu’ils aient un niveau de pratique suffisant, les instructeurs du Travail Intérieur sont à l’affut de toutes les manifestations égotiques verbales et non verbales de leurs élèves et stagiaires et pratiquent avec eux en direct l’exercice du StopUrgence[15].

Cette discipline-entraînement peut se pratiquer sur le lieu de l’entraînement sportif, mais également dans n’importe quelle réunion de travail en entreprise, n’importe quelle conférence, interview ou conseil d’administration. Il s’agit d’un dépistage-enseignement actif à 360°. Elle fonde les stratégies de contemplation, d’économie d’énergie et de réussite par absence ‘d’échec’.

Oui mais…

«C’est bien gentil tes petits conseils, mais je n’ai pas que cela à faire!»

Au cas où vous n’auriez pas compris de quoi il est question, je vous invite à reprendre cette leçon depuis le début. Si vous avez compris, vous avez identifié une phrase clé de l’EgoSystème «C’est bien gentil tes petits conseils, mais je n’ai pas que cela à faire!»  qui nous ressert de façon opiniâtre et inlassable l’un de ses arguments favoris sur la base de l’une de ses absences de compréhension favorites.

L’idée implicite contenue dans cette phrase tend en effet à me faire croire que «Je ne vais jamais avoir le temps (ou l’énergie) de tout faire!» Cette phrase est révélatrice que le fondement même du travail de prise de conscience[16] n’a pas encore été compris. Comme si le travail intérieur et le travail extérieur se situaient sur le même niveau de conscience[17]! Par analogie je pourrais dire: «Je ne vais jamais pouvoir marcher dans la rue si je n’arrête pas de penser!»

Cette déclaration de principe signale par ailleurs au moins 2 attitudes d’inconscience pilotées par l’EgoSystème lorsqu’il nous possède et que nous considérons inconsciemment comme réelles parce que nous les ressentons: 1°) j’ai pas envie, et donc, je laisse tomber avant tout autre examen, et 2°) je n’ai pas le temps et donc, il n’est même pas question que j’envisage de programmer un entraînement de conscience quelconque dans mon emploi du temps.

L’EgoSystème n’a aucun problème lorsqu’il s’agit (pour lui/elle) de programmer (pour nous!) plusieurs activités ensemble, par exemple: notre travail extérieur + un chagrin d’amour, + le bavardage mental + les angoisses ordinaires + l’envie de sexe + tous les comportements ordinaires de séduction et manipulation qui servent à réaliser ses objectifs + le rappel de passer à la pharmacie d’urgence + conduire notre/sa voiture.

Mais il démarre une peur panique à la seule idée que nous pourrions nous mettre à réaliser toutes les activités ordinaires de notre vie (qu’il considère comme ses gibiers dans son terrain de chasse gardée), ou même simplement notre travail extérieur ordinaire en état modifié d’Eveil de conscience, alors même que ce réglage mental produit des économies d’énergie (et du reste) considérables!

Alors que la solution évidente pour réaliser n’importe quelle activité de travail intérieur consiste à la programmer dans son emploi du temps, au même titre que tout le reste. Expérience faite, 5 minutes d’entraînement de conscience chaque matin sous la douche (au lieu de laisser l’esprit vagabonder en roue libre sur le mode égotique) ne ‘prend’ pas de ‘temps’ du tout! Mais du point de vue de l’Ego(tine), c’est un crime de Grève Majesté.

Quel génie psycho-politique que celui de Louis XIV qui, à la Cour de Versailles, récompensait ses courtisans par l’honneur d’assister à son lever! Quel génie de mon EgoSystème (que j’ai pour ce motif nommé LuiKaTorze) qui oblige chaque matin ma pauvre conscience-moi ensommeillée à assister, en dehors de toute conscience d’Éveil, aux vagabondages de mon esprit et court-circuite ainsi toutes mes chances de vivre ma journée hors souffrance…

Quant à la réponse tibétaine à la déclaration «J’essaye mais je n’y arrive pas» (à ne plus m’énerver, par exemple) je n’ai jamais trouvé plus simple: «Tu n’y arrives pas? Alors arrête d’essayer, et contemple seulement comment ça marche. Après, explique moi ce que tu as vu.»

Prendre conscience, ça s’apprend[15]. Mettre en Œuvre, ça s’apprend. Mais pour arrêter de souffrir, là comme ailleurs, sans guide compétent qui ne partagera pas mon Aveuglement Spécifique, ça ne marchera pas. L’Ego est vraiment trop fort. Après tout, c’est la totalité de mes intelligences conscientes et inconscientes qu’il utilise au travers du mélange des Figures Cachées de LuiKaTorze, Tamervlan, Povtichou etc.!

Et c’est ainsi qu’à chaque fois que je relâche ma vigilance et qu’il occupe ma place de conscience, il se prend pour moi, je me prends pour lui. Et au passage, j’en prends plein la tête. Au Restaurant de la Souffrance, c’est l’Ego qui commande et c’est moi qui paye l’addi(c)tion.

«Enfoiré!» dirait Coluche…[18]


[1] Voir Mode d’emploi n°11: Procédure de Stop-Urgence
[2] Habile signifie (comme en droit) avec légitimité, pertinence et compétence
[3] Voir Leçon n°40: Occuper la place de l’Ego
[4] Voir Leçon n°30: Coups-fourrés de l’Ego-Tyran
[5] Voir Leçon n°38: Impossible de méditer
[6] La pratique de cette méthode est enseignée seulement dans nos stages, pas dans ce blog.
[7] C’est-à-dire, visualiser en ressentant; la pratique de cette méthode est enseignée dans nos stages, pas dans ce blog
[8] Muladhara, le chakra (roue d’énergie perceptible en état modifié de conscience), situé entre le sexe et l’anus
[9] La compréhension de ce terme et la pratique de cette méthode sont enseignées dans nos stages, pas dans ce blog.
[10] Voir Leçon n°8: Dire n’est pas faire
[11] Voir Mode d’emploi n°12: Configuration mentale apprentissage
[12] Voir Leçon n°24: Le Processus d’Intériorisation
[13] Voir la liste des 52 émotions perturbatrices issues des poisons et des passions en leçon n°33
[14] Voir Mode d’emploi n°10: Occuper la place de l’Ego
[15] Voir Mode d’emploi n°11: Procédure de Stop-Urgence
[16] Voir Mode d’emploi n°3: Prendre conscience
[17] Voir Leçon n°27: Esprit Ordinaire, Esprit d’Éveil
[18] Plus connu à Rome sous le nom de sa Sainteté Feu le Cardinal Colucci