Il existe un vin auquel rien ne peut être comparé.
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Parmi ceux qui l’ont bu, les uns se sont tus, les autres ont témoigné de son existence en disant qu’il ne pouvait être nommé ou au contraire, en lui donnant un nom variant suivant les temps et les lieux.
Mais au lieu de boire le vin, on s’est enivré de la personne et des paroles de ceux qui ont proclamé l’existence du vin.
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Puis sont venus ceux qui ont prétendu diversement être les seuls gardiens authentiques de la personne et de la parole des connaisseurs du vin et du nom donné au vin.
À qui les suivra, ils ont promis, au terme d’un devenir non précisé, la connaissance du vin à laquelle eux mêmes espèrent parvenir un jour indéterminé.
Mais au lieu de boire le vin, on s’est enivré de croyances et de pratiques. Ainsi est née la soumission à l’autorité de ceux qui ont accaparé l’image et le souvenir du vin et des connaisseurs du vin.
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Puis sont venus ceux qui ont fait de la personne et de la parole des connaisseurs du vin l’objet d’incommensurables études savantes. Mais au lieu de boire le vin, on s’est enivré de mots et de savoir.
Ainsi est née la soumission à la science et aux docteurs de l’image et du souvenir du vin et des connaisseurs du vin.
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Puis enfin sont venus ceux qui se sont servis de la parole des connaisseurs et des commentateurs du vin pour faire croire qu’eux aussi étaient des connaisseurs du vin.
Mais au lieu de boire le vin, on s’est enivré de magie et de fantasmes. Ainsi est née la soumission aux imposteurs de la connaissance du vin.
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Et ainsi va la vie, et moi, dans l’ivresse du vin à quoi rien ne peut être comparé.
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Note: Dans la tradition Soufie, ce texte (d’origine arabe) qui m’a été transmis par Henri Landier date probablement du 16ème siècle. Pour comprendre ce dont il s’agit, il suffit de remplacer le mot «vin» par le mot «Dieu».