D’abord et par principe, à cause du verbe «être», «Qu’est-ce que l’intelligence» constitue une question mal posée. Elle peut être rectifiée en: «De quoi parlons-nous lorsque nous parlons d’intelligence?»
En 1894, Alfred BINET, directeur du laboratoire de psychologie de la Sorbonne, écrit l’Introduction à la psychologie expérimentale, et concurremment à son homologue américain Charles SPEARMAN (1904) met au point les premiers tests psychologiques et renforce (1905) l’idée qu’il existe une seule intelligence générale appelée «facteur g», associée à un facteur d’intelligence plus individuel, une sorte de signature personnelle.
Un autre psychologue, nommé Robert J. Sternberg, (né le 8/12/1949) psychologue et psychométricien américain, préfère (article paru en 2003) repérer 3 formes d’intelligence qui s’incarnent en chacun de nous selon des proportions variables:
- L’intelligence analytique, décrite comme la capacité académique complète à la résolution des problèmes tels que ceux utilisées dans les tests d’intelligence. Il s’agit de tâches (scolaires) généralement bien définies proposant de résoudre des questions qui ont une seule bonne réponse.
- L’intelligence créative ou synthétique est décrite comme capacité de s’adapter à la nouveauté et de traiter avec succès des situations inhabituelles, en s’appuyant sur les connaissances et les compétences acquises.
- L’intelligence pratique est décrite comme la capacité à mettre en œuvre ses connaissances et ses compétences dans tous les aspects de la vie quotidienne. Elle permet à un individu de comprendre ce qui doit être fait dans un cadre donné et ensuite le faire.
En 1983, Howard GARDNER, professeur de cognition et d’éducation à Harvard Graduate School of Education (Massachusetts) énonce dans Frames of Mind, la Théorie des intelligences multiples.
Howard GARDNER définit l’intelligence comme la faculté/capacité de résoudre des problèmes ou de produire des biens ayant de la valeur pour une culture ou un groupe défini. À ce jour (Janvier 2009), il en repère 9.
À la suite de ces précurseurs, Daniel GOLEMAN (né 7 Mars 1946) psychologue et journaliste scientifique pour le New York Times, spécialisé en psychologie et en sciences du cerveau, est l’auteur du concept d’«Intelligence émotionnelle» (1995, Bantam Books). Il a développé l’idée que les activités mentales non-cognitives et non intellectuelles (du type émotions, sentiments, sensations, etc.), ont au moins autant d’importance que le QI dans les configurations de travail et en matière de leadership.
Et je cite maintenant sans rien changer une partie de l’article paru en pages 68 et 69 de Science et Avenir en Novembre 2008 qui décrit les «9 intelligences de Gardner»:
- L’intelligence langagière est la capacité à utiliser le langage pour exprimer sa pensée.
- L’intelligence logico-mathématique est l’aptitude à la logique, aux mathématiques, aux sciences.
NB: ces deux premières intelligences ont été mises sur un piédestal dans notre société. La plupart des tests, comme ceux du QI, sont fondées sur l’évaluation de ces deux compétences.
- L’intelligence musicale est la capacité de penser en termes de rythmes et de mélodies, de reconnaître des modèles musicaux, de les interpréter et d’en créer.
- L’intelligence kinesthésique (corporelle) est celle d’utiliser son corps (danseur, athlète, chirurgien, artisan, etc.).
- L’intelligence spatiale est la capacité à agir dans un univers spatial en construisant une représentation mentale (marins, ingénieurs, architectes, sculpteurs).
- L’intelligence interpersonnelle est l’aptitude à comprendre les autres, d’agir et réagir avec autrui de façon correcte (politicien, commerçant, enseignant, guide spirituel, etc.).
- L’intelligence intrapersonnelle est celle de se former une représentation de soi précise et fidèle (introspection) et de l’utiliser efficacement dans la vie.
- L’intelligence naturaliste est la capacité à classifier, discriminer, reconnaître et utiliser ses connaissances sur l’environnement naturel (chasseur, pêcheur, zoologiste, cuisinier, etc.).
- L’intelligence existentielle (encore en discussion à ce jour) est la propension à se poser de grandes questions philosophiques telles que «pourquoi mourrons-nous?».
Prenez le temps d’étudier la situation et de réfléchir.
Comment pouvez-vous observer ce qui précède?
- Appliquez la 1ère prémisse de la SG:
En utilisant le Gardien Kèskecè,(voir leçon 5) rappelez-vous d’abord que, depuis la Nuit des Temps, nos esprits ordinaires sont conditionnés à confondre carte et territoire, à confondre les mots et ce qu’ils désignent, à confondre les sources et les résultats, à confondre les configurations mentales (internes) et leurs applications visibles (externes). Voilà (entre autres) ce que veut dire la 1ère prémisse de la Sémantique Générale: «Une Carte n’est pas le territoire qu’elle représente».
Une bonne façon de ne pas confondre les mots avec ce qu’ils veulent dire consiste à retourner votre attention à l’intérieur de vous. Dans ce cas précis, partez du principe que vous avez d’abord à faire l’expérience des mots employés. Est-ce que ces mots là correspondent à un vécu quelconque pour vous? Et si oui, lequel?
- Sortez de la logique cause → effets:
En utilisant le Gardien Toutourien, Rappelez-vous ensuite que, contrairement à ce qu’il vous raconte, votre esprit ordinaire ‘conscient’ n’est pas conscient de tout, et qu’il n’a pas toujours… raison. (2ème prémisse de la Sémantique Générale). La logique simpliste cause/effets peut se décliner en systèmes de causalité multiples. Nous pouvons distinguer sources et ≠ résultats, fondements et ≠ applications, origine et ≠ manifestation; nous voyons alors qu’il est impossible de savoir si cet article présente l’intelligence comme un seul événement source aux niveaux silencieux avec 14 champs d’application différents, ou s’il s’agit de 14 phénomènes sources différents. Nous voilà peut-être avec 14 définitions de l’intelligence, ou encore 14 formes d’intelligence différentes. Rien dans cet article ne nous permet d’en décider.
- Sortez de l’identité créée par le verbe «être»:
Dans cette classification, le terme intelligence est utilisé dans toutes les définitions comme étant indifféremment synonyme de «capacité» et «aptitude», alors même que ces deux termes désignent des configurations mentales différentes. Je peux «être capable» mais temporairement «inapte». Je peux avoir été déclaré «apte» et me révéler finalement «incapable». Je peux «avoir» l’intelligence musicale mais me trouver aussi inapte qu’incapable d’en faire la démonstration. Que se passe-t-il quand il y a l’une et pas l’autre? Faut-il que les deux soient présentes? N’y a t-il pas d’autre paramètre? Cette façon de parler ne nous permet pas de comprendre ce que ce texte veut vraiment dire.
- Sortez de la logique du tiers exclus:
Compte tenu du contexte (Science et Avenir, journal dit de ‘vulgarisation scientifique’), nous pouvons peut-être faire l’hypothèse(1) que la réalité de cet exposé a été perverti par une présentation vulgarisante. Nous pouvons également faire l’hypothèse(2) qu’au contraire, il s’agit bien de l’exposé synthétique mais fidèle de la pensée de M. Howard GARDNER et des autres aussi, d’ailleurs. Nous pouvons encore (3ème terme, logique du tiers-inclus) faire l’hypothèse(3) que ni M. GARDNER ni le journaliste qui a rédigé l’article, n’ont conscience de ces confusions possibles, ETC.!
- Examinez les croyances inconscientes:
Au final, à quel genre de certitude sommes nous renvoyés? Simplement à la façon dont nous allons choisir de croire (ou pas) ce qui nous est ainsi expliqué, exposé, enseigné, démontré, etc. Et cette réalité fonctionne à bien des moments de chaque jour de notre existence, sans que nous en ayons la moindre conscience. C’est même valable pour ce que je suis en train d’expliquer et que vous lisez ici-maintenant.
- Recadrez ce qui se passe en «Conscience d’abstraire»:
Rappelez-vous que nos opinions, certitudes, jugements, savoirs etc., ne sont basés que sur notre vision partielle de la ‘réalité’ dont nous ne sélectionnons que ce que nous sommes prêts à percevoir! Ils peuvent donc se révéler incomplets, insuffisants, erronés et toxiques, etc., dans beaucoup de cas… Ne les rejetez même pas, cela demanderait un effort inutile. Contentez vous d’abord de ne pas les valider; il s’agit d’une décision de conscience qui s’oppose à la validation automatique et inconsciente. Observez ensuite à quel point ce qui se passe dans les faits est fondamentalement différent de ce que votre bavardage intérieur vous en dit… Cherchez vous-même des exemples contraires, et autant de 3èmes termes que vous parviendrez à inventer.
Le langage courant fonctionnant comme une connaissance pratique, nous sommes directement responsables des conséquences (souvent coûteuses) de notre ignorance de ses fonctionnements et de nos erreurs.
- Cherchez comment reformuler à haute voix:
Ces opinions, jugements certitudes, etc., doivent pouvoir être exposés en termes de probabilité, de pourcentages, de mesure, etc. Pas en absolus, ni en ou-bien-ou-bien, ni en tout-ou-rien. La reformulation est importante: votre organisation mentale se mettra à fonctionner sur des données certes moins simplistes, mais structurellement plus conformes à la réalité.
- Revenez aux niveaux silencieux:
Les «absolus» n’existent pas dans la nature. Revenez sur terre. Revenez dans le «relatif». Observez ce qui se passe aux niveaux silencieux avec le moins possible d’a priori, d’attentes, de projections inconscientes, et avec le moins possible de mots. Exprimez ce que vous avez à dire de façon structurellement conforme aux faits objectifs et silencieux.
N’oubliez-pas que chaque fois que nous ne prenons pas la peine de préciser suffisamment ce à propos de quoi nous parlons, notre utilisation du langage courant fabrique automatiquement des erreurs et des confusions.
Pour que nous puissions leur faire confiance, nos cartes doivent correspondre le mieux possible aux territoires qu’elles représentent. Notre sécurité ordinaire en dépend.