Au quotidien, comment et que faire pour sortir du piège des émotions perturbatrices? La plupart du temps, je commence à me poser cette question seulement quand je suis déjà complètement perturbé(e), angoissé(e), insomniaque, palpitant(e), stressé(e), déprimé(e), etc. Bref, déjà en bien mauvais état.
Et encore, je peux continuer à laisser le processus détruire mon existence avec une belle efficacité pendant longtemps si je n’ai pas une personne en face moi pour m’obliger à m’en apercevoir. Et elle est plutôt amicale, celle-là, vu qu’elle risque de se faire ignorer, injurier, traiter d’impertinente, jeter sans ménagement, etc. Du genre: «Pour qui elle se prend celle-là, à donner des leçons… non mais, sans blague!».
Cette misère d’existence durera jusqu’à ce que je n’en puisse plus, que je sois obligé(e) de lâcher prise, ou même, que je tombe vraiment malade. En réalité, je ne vois même pas que mon activité mentale inconsciente se cramponne le plus fort possible à ce processus mental qui me rend malade!
S’il y a bien un comportement sur lequel nous fonctionnons à peu près «tous et toutes» de la même façon, c’est celui qui advient lorsque nous marchons dans la crotte de chien. D’abord, nous ne le faisons (en principe) pas exprès. Il s’agit donc bien d’un comportement involontaire qui résulte d’une inattention parfaitement inconsciente et qui le reste jusqu’à ce que nous nous retrouvions dans un environnement confiné.
À ce moment là, il faut ôter les chaussures toutes affaires cessantes pour en changer parce que cela pue! Et il va falloir aussi les nettoyer au plus vite, autrement dit, réparer la situation, pour revenir le plus rapidement possible à une existence normale, c’est à dire, non puante.
Il ne viendrait à l’idée de personne se trouvant toute propre et désireuse de le rester de marcher dans la crotte de chien seulement pour rire, ou pour voir l’effet que ça fait. Le comportement d’apprentissage logique et normal est celui que nous avons avec les enfants: «Ne marche pas là-dedans. C’est de la crotte de chien.» Il n’y a rien à discuter ni à bavarder. L’expérience collective que nous transmettons à ce moment là consiste à enseigner le plus directement possible: «Ça pue, s’abstenir».
Dans le même registre, il ne viendrait à l’idée de personne se trouvant en bonne santé et désireuse de le rester de prendre du poison simplement pour rire, ou pour voir l’effet que ça fait. Le comportement de sauvegarde logique et normal est celui que nous avons avec les enfants: «Ne touche pas à ça. C’est du poison.» Il n’y a rien à discuter ni à bavarder. L’expérience collective que nous transmettons à ce moment là consiste à enseigner le plus directement possible: «Danger, s’abstenir».
Ce préambule dûment exposé, il importe d’apprendre ce que notre système d’enseignement occidental n’enseigne pas, à savoir que la psychologie bouddhiste, qui a 2500 ans d’expérience de plus que la nôtre, classe les Émotions Perturbatrices en 2 catégories: Les Poisons et les Passions.
1°) les Trois Poisons:
La Stupidité,
le Désir,
la Colère
2°) Les Six Passions ‘racines’:
L’Ignorance,
Le Désir-Attachement,
L’Aversion,
L’Orgueil-Arrogance,
Le Doute,
L’Opinion erronée
3°) Les Vingt Passions ‘secondaires’:
Fureur, rancune, dissimulation, jalousie, avarice, paresse, tromperie, malhonnêteté, suffisance, violence, sans-gêne, irrespect, inertie, excitation, défiance, oubli, négligence, distraction,
et surtout… absence d’introspection.
NB: Ces 20 passions secondaires en cachent environ 20 autres voisines.
Autrement dit, en profondeur (invisibles), les Poisons empoisonnent et intoxiquent les fondements même de mon existence et mon activité mentale. En surface (visible), les Passions se présentent comme des résultats-symptômes des émotions qui agissent sur notre organisme, notre santé et l’ensemble de notre activité mentale.
Cette distinction entre passions et poisons est d’une grande importance, dans la mesure où les poisons fonctionnent comme des phénomènes-mentaux-source, des conditionnements de base presque toujours inconscients, souvent reçus par héritage génétique. Les passions fonctionnent plutôt comme des résultats des interactions entre les poisons (internes) et les situations (externes) qui sont l’occasion de leur manifestation.
1°) Dépistage et Définitions fondamentales:
Nous partons du principe que l’état dans lequel l’esprit (l’activité mentale) fonctionne normalement est le Calme Mental qui peut se définir comme «le fonctionnement naturel et tranquille de l’esprit dépourvu de toutes les formes d’agitation et de perturbation».
Ces formes d’agitation sont le « bavardage mental », ainsi que la production automatique et inconsciente de tous les phénomènes mentaux verbaux et non verbaux qui arrivent dans le champ de conscience de quelqu’un sans avoir été invités. Tous ces intrus fonctionnent comme des squatters non autorisés.
Par ailleurs, le terme Émotion vient du latin ex-movere, qui signifie «bouger vers l’extérieur». Cela signifie qu’une «émotion» (configuration énergétique et mentale) fonctionne comme un poison capable par intoxication de me mettre hors de «moi», soit hors conscience claire du présent, hors calme mental.
Quel que soit mon état de perturbation existant, ma première action de sauvegarde va donc consister à obliger mon esprit ordinaire à observer puis à admettre qu’il ne fonctionne plus en état de Calme Mental. L’Entraînement et le Massage du Calme Mental servent à faire l’expérience technique de mon esprit fonctionnant tranquillement de façon à me permettre, même en pleine situation de crise, de réaliser que j’ai quitté cet état bienheureux et que je ne dispose doncplus d’une organisation mentale en bon état normal.
2°) Stop! + laisser décanter:
Si je ne dispose plus d’une organisation mentale en bon état, donc fiable, il y a urgence à arrêter au plus vite ce que je suis en train de faire, vu que je ne serai capable de produire que du désordre et de la confusion. L’exercice du «stop» de Gurdjieff constitue un entraînement à cette étape de re-conscience. Arrêter toute action-réaction-agitation donne le temps de laisser la pression et le stress retomber.
Inutile de vouloir redémarrer au quart de tour après cela, ni chercher à trouver des comportements-réactions de compensation. Au contraire, il faut laisser du temps passer en ne remplaçant ce comportements toxique par rien jusqu’au moment où je vais pouvoir me dire: «Ouf! Me voilà reposé. Que s’est-il donc passé?».
3°) Questions et Observations:
La question complète s’énonce: «Qu’est-ce qui s’est passé pour que j’en sois arrivé(e) là? Qu’est-ce que j’ai raté? Quel fonctionnement mental m’est passé inaperçu? Que dois-je observer à présent?» Il s’agit en effet de se repasser le film depuis le début. Et sans entraînement (c’est aussi à cela qu’il sert) il est très difficile d’y parvenir seul.
Ce qu’il y a à observer est qu’avant la perturbation, il n’y en avait pas et que mon esprit fonctionnait très bien en régime ordinaire, sans elle. Quel est l’effet de la perturbation? Avant, je me sentais normalement tranquille. Alors que juste après… je me suis senti hors de moi, comme si j’avais bu, comme si j’avais avalé du poison (sic!).
Mais ce poison, je l’ai avalé parce que personne ne m’a appris que c’était du poison, justement. Au contraire, j’ai appris que mes émotions et mes sentiments c’est moi, ça me constitue, c’est ma personnalité, et qu’on ne se refait pas. Foutaises!
4°) Reconnaître la part d’inconscient:
Alors, comment est-ce arrivé? À mon insu, bien sûr. En l’absence de toute information et de tout apprentissage digne de ce nom, aucun mécanisme de défense et de sauvegarde n’a pu fonctionner. Je ne suis quand même pas assez dingue pour me mettre consciemment dans des états de misère-malaise pareils!
Ces émotions, ces poisons, je ne les ai pas vu passer. Je me suis trouvé(e) saisi(e), bouleversé(e), démoli(e), atteint(e), abîmé(e) et maintenant, je me sens désemparé(e). Conclusion, je suis bien conscient(e) ici-maintenant que ce processus mental qui m’a piégé(e) était inconscient! Au passage, il porte le nom de «Aveuglement Spécifique» Spécifique veut dire que ses modalités me sont particulières et ne concernent que moi.
C’est pourquoi il va falloir que je mette en lumière (de conscience) le plus tôt possible comment il fonctionne pour d’abord réussir à quitter ce lamentable état actuel, et ensuite, faire en sorte de ne plus me faire avoir comme ça les prochaines fois.
5°) Observer le jeu collectif pour mieux le quitter:
Il faut comprendre que depuis la période romantique en Occident, les passions, les émotions et les sentiments sont magnifiés, industrialisés, respectés, filmés, publicités, etc. Ils sont aussi extériorisés (= dépersonnalisés, désintériorisé) et objectivés (= transformés en objets de consommation) de façon à pouvoir être vendus. En cela, ils font marcher le commerce, à commencer par celui des psychotropes dont la France détient le record par habitant.
Une personne inconsciente des perturbations de son activité mentale est naturellement poussée à rechercher et aller acheter «dehors» ce qu’elle croit lui manquer et qui cause peut-être «dedans» sa misère et ses malaises. Même si c’est invérifiable, même si cela pue (pour les autres) l’escroquerie à plein nez, même si cela mine et détruit sa vie entière, pour l’instant, ça marche!
6°) Cesser de croire et cesser de valider:
Alors je vais d’abord laisser tomber cette idée-malédiction d’aller mal (à laquelle j’avais fini par croire) en actionnant une sauvegarde personnelle d’urgence immédiate: «J’ai été intoxiqué(e) et je refuse de respecter, valider et «avaler» plus longtemps ces poisons qui me rendent malade». Ensuite, je fais ici-maintenant le choix de conscience adulte de ne plus jamais croire que ces sentiments et émotions que tout le monde m’a appris à considérer comme mes ‘traits de personnalité’ fonctionnent en réalité comme des poisons violents qui détruisent mes amours, mes relations, ma tranquillité, ma santé et ma vie entière.
Pour ce faire, je vais prendre la décision consciente de ne plus créditer les émotions et les sentiments d’un aspect objectif positif quelconque. Et enfin, je vais férocement suspecter, reconnaître et rejeter sans relâche tous ces processus mentaux empoisonnés que je croyais être les miens de façon à ne plus me laisser piéger par leurs automatismes toxiques. «Maintenant que j’ai appris comment je souffrais par simple ignorance, je ne marcherai plus jamais dans cette illusion. Elle pue vraiment trop!»